Alors que les yeux du monde sont rivés sur l'Ukraine, l'ONU attire l'attention sur la situation au Yémen. Dévasté par la guerre, ce pays est confronté à l'une des pires crises humanitaires de la planète et manque cruellement d'aide.
Mercredi, l'ONU s'est dite «déçue» de n'avoir récolté que 1,18 milliard d'euros de dons, soit un tiers des 3,6 milliards espérés. «Les besoins des (Yéménites) ne seront pas satisfaits», a regretté Auke Lootsma, représentant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Yémen.
«C'est la situation la plus sombre que nous ayons connue jusqu'à présent pour le pays», a-t-il ajouté, précisant que plus des trois quarts de la population dépendent de l'aide internationale.
Depuis 2014, la guerre oppose le gouvernement reconnu par la communauté internationale aux rebelles Houthis. Ces derniers, soutenus par l'Iran, ont réussi à s'emparer de pans entiers du territoire, dont la capitale Sanaa. Les forces loyalistes sont elles appuyées par une coalition militaire incluant notamment l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.
La guerre en Ukraine aggrave la famine
La guerre qui fait rage depuis sept ans a déjà tué des centaines de milliers de personnes, déplacé des millions d'autres, ravageant les infrastructures et la frêle économie du pays.
Déjà au bord d'une famine à grande échelle, le Yémen risque de voir sa sécurité alimentaire menacée par la guerre en Ukraine, pays qui lui fournissait près d'un tiers de son approvisionnement en blé.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations-unies, qui dépense chaque mois 180 millions d'euros en aide alimentaire au Yémen, a dû cette année réduire les rations. Or, d'après diverses agences de l'ONU, jusqu'à 19 millions de personnes pourraient avoir besoin d'une assistance alimentaire au cours du second semestre 2022.
Les pays du Golfe moins généreux ?
«Nous espérions plus, en particulier de la part des donateurs de la région» du Golfe, «la crise se déroulant dans leur arrière-cour», a déclaré Abeer Etefa, porte-parole du PAM pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Alors que l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis étaient en 2021 en tête des pays donateurs, ils n'ont cette fois fait aucune promesse.
Mercredi, Ryad et Abou Dhabi ont surtout insisté sur la nécessité de mettre fin aux actions «terroristes» des Houthis, le représentant émirati affirmant que les rebelles «entravent et détournent l'aide» humanitaire.
Première économie du monde arabe, l'Arabie saoudite a assuré avoir fourni ces dernières années plus 17,2 milliards d'euros d'aide au Yémen voisin.
Selon les spécialistes de la région, les deux pays alliés préfèrent désormais contrôler leur propre financement de l'aide humanitaire et ainsi éviter que l'ONU n'utilise leur argent pour aider les régions aux mains de leurs ennemis Houthis.