C'est l'une des conséquences de la guerre civile au Yémen. Vieux de 45 ans et contenant 1,1 million de barils de brut, le FSO Safer est ancré depuis 2015 au large du port de Hodeida. Il risque aujourd'hui de déclencher l'une des plus grandes marées noires de l'Histoire mais menace également la situation humanitaire dans la pays.
Rouillé, ce pétrolier a été laissé sans entretien depuis sept ans et il semble aujourd'hui se dégrader très rapidement.
«Le pétrolier abandonné, avec son chargement polluant de pétrole, représente une grave menace pour les communautés et l'environnement de la mer Rouge», a affirmé Ahmed El Droubi, responsable du Moyen-Orient à Greenpeace.
D'après un rapport de Greenpeace, une marée noire pourrait entraîner la fermeture des ports de Hodeida et Salif par lesquels arrivent 68% de l'aide humanitaire, affectant plus de 8,4 millions de personnes.
Les usines de désalinisation à Hodeida, Salif et Aden au sud pourraient également être touchées et entraîner l'interruption de l'approvisionnement en eau potable d'environ dix millions de personnes.
Par ailleurs, dans ce pays au bord de la famine, la sécurité alimentaire de plus de 1,7 million de Yéménites repose sur la pêche, souligne Greenpeace, alertant sur le danger de la destruction des écosystèmes de la mer Rouge.
La pire marée noire de l'histoire
Une explosion ou une fuite de sa cargaison auraient également des «conséquences bien plus étendues, plus graves et plus durables que ne le laissaient supposer les informations précédemment disponibles», souligne l’ONG de défense de l’environnement.
Comme l'indique Libération, si ces 140.000 tonnes de pétrole se déversaient, la marée noire que cela engendrerait serait quatre fois pire que celle de l’Exxon Valdez, un pétrolier échoué en 1989 non loin des côtes de l’Alaska qui avait engendré l’une des pires catastrophes de ce genre.
L'inaction politique
L'inspection du navire, dont l'état se détériore, traîne depuis des années entre demandes d'accès de l'ONU et refus des rebelles Houthis, qui contrôlent la majorité du nord du pays ainsi que les ports de Hodeida et Salif.
«La technologie et l'expertise pour transférer le pétrole vers d'autres pétroliers existe, mais après des mois de négociations nous sommes toujours dans l'impasse», a déploré Paul Horsman, chef de projet chez Greenpeace International.
Le conflit au Yémen oppose depuis 2014 les Houthis, soutenus par l'Iran, aux forces gouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par Ryad depuis 2015. Selon l'ONU, la guerre a fait environ 377.000 morts victimes directes et indirectes des combats avec le manque d'eau potable, la faim et les maladies.