Après une visite à Chypre puis à Athènes samedi, le pape François poursuit sa tournée méditerranéenne consacrée à l'accueil des migrants en Europe. Il est arrivé ce dimanche matin au camp de Mavrovouni, sur l'île grecque de Lesbos, où vivent près de 2.200 demandeurs d'asile.
Le pape a été accueilli par une foule de migrants qui s'étaient massés entre les conteneurs et les tentes du camp. Dans une ambiance très chaleureuse, le Saint-Père a longuement salué et béni les familles présentes, parmi lesquelles de nombreux enfants.
Devant des demandeurs d'asile, des responsables religieux et la présidente grecque Katerina Sakellaropoulou, le pape François a appelé à mettre fin à un «naufrage de civilisation». La Méditerranée «est en train de devenir un cimetière froid sans pierres tombales (…) Je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation !», a-t-il déclaré.
Certains demandeurs d'asile espèrent repartir avec le souverain pontife à Rome, à l'instar des cinquante migrants arrivés à Chypre qui seront transférés en Italie à sa demande. En 2016, en pleine crise migratoire, il avait personnellement ramené avec lui douze Syriens de l'île de Lesbos.
Des camps «fermés et à accès contrôlé»
Sur place, une quarantaine d'ONG l'exhortent à intervenir pour que cessent les refoulements présumés d'exilés vers la Turquie, des accusations que les autorités grecques démentent. Dans une lettre au pape, elles ont également dénoncé la mise en place en Grèce de camps «fermés et à accès contrôlé», financés en partie par des fonds européens.
Entourés de fils barbelés et fermés par des portails à rayons X, trois de ces camps ont déjà ouvert sur les îles de Samos, Léros et Kos, ceux de Lesbos et Chios étant prévus l'an prochain.
Une Europe «déchirée par les égoïsmes»
Le camp de Mavrovouni avait été érigé à la hâte il y a un an après l'incendie du camp de migrants de Moria, alors le plus grand d'Europe.
Quand l'île de Lesbos était la principale porte d'entrée de dizaines de milliers de migrants en Europe, François avait visité Moria en avril 2016 et avait symboliquement lancé: «Nous sommes tous des migrants».
Samedi à Athènes, le pontife argentin de 84 ans a qualifié les migrants de «protagonistes d'une terrible odyssée moderne», dans un discours devant les dirigeants grecs. Il a aussi regretté que «l'Europe persiste à tergiverser» face aux arrivées de migrants «parfois bloquée» et «déchirée par les égoïsmes nationalistes», au lieu d'être un «moteur de solidarité».