La COP26 s’est ouverte le 1er novembre dernier à Glasgow, et de nombreux experts du climat comptent sur les discussions qui y sont menées pour contenir le réchauffement de la planète. Mais qu’en est-il des engagements de la communauté internationale une semaine après le début des négociations ?
Le président de la COP26 l’avait annoncé avant le début du sommet : il sera plus difficile de parvenir à un accord cette année à Glasgow que lors de la COP21 en 2015, qui avait permis la signature de l’Accord de Paris sur le climat. Malgré les promesses ambitieuses de 2015, notamment sur la limitation de l’augmentation de température de la Terre à 1,5 °C d’ici à 2100, les engagements pris avant le sommet par les chefs d’Etat sont pour le moment trop faibles pour réussir ces objectifs. Depuis le début du sommet, les participants de la COP26 ont donc pris un certain nombre d’engagements.
Vers la Fin du charbon
Jeudi 4 novembre, une quarantaine de pays se sont engagés à abandonner le charbon d’ici à 2030 pour les pays développés et d’ici à 2040 pour les nations les plus pauvres. Parmi les signataires de cet accord, certains des plus gros consommateurs mondiaux : le Canada, l’Ukraine, le Chili, le Vietnam, mais aussi la Pologne. Ces pays s’engagent également à ne plus financer de nouvelles centrales charbon, ni sur leur territoire ni à l’international, et à accélérer le déploiement des énergies renouvelables.
Une annonce importante, puisque le charbon est considéré comme l’un des principaux contributeurs du réchauffement climatique. Cependant, les poids-lourds de la consommation mondiale de charbon n'ont pas pris part à cet accord, à savoir les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon ou encore l’Australie, bien que certaines de ces nations se soient engagées à ne plus financer la construction de centrales à l’étranger (mais vont continuer à le faire chez elles).
diminuer les émissions de méthane
Une centaine de pays se sont engagés dans «pacte global pour le méthane» à réduire d’au moins 30% leurs émissions de ce gaz à effet de serre d’ici à 2030. Ces pays, dont le Canada, le Japon, les Etats-Unis, l’Union européenne ou encore le Brésil, représentent environ 40% des émissions mondiales de méthane. C’est le tout premier accord mondial de ce type.
Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine, après le dioxyde de carbone. Il est émis notamment par l’industrie agricole et les élevages, les combustibles fossiles et les déchets. Même s'il fait moins parler de lui, son effet de réchauffement climatique est environ 29 fois plus important par kilogramme que celui du CO2 sur un horizon de cent ans et environ 82 fois sur une période de 20 ans.
Cependant, comme pour le charbon, certains des principaux émetteurs de méthane ont refusé de signer ce pacte, à savoir la Chine, la Russie et l’Inde.
limiter la déforestation
Pour enrayer la déforestation, qui participe au réchauffement de la planète et donc aux changements climatiques, une centaine de pays abritant plus de 85% des forêts du monde (dont le Brésil avec la forêt amazonienne, le Canada et sa forêt boréale, ou encore la forêt tropicale du bassin du Congo) se sont engagés à préserver leurs écosystèmes. Les Etats-Unis, la France, la Chine et l’Australie ont aussi signé cet accord, qui prévoit la fin de la déforestation d’ici à 2030. Le plan a pour objectif de mettre fin à l’abattage à l'échelle industrielle des arbres d’ici à dix ans. Cette initiative va bénéficier d'un financement public et privé de 19,2 milliards de dollars (16,5 milliards d'euros).
Une avancée majeure, selon le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte de la COP26 à Glasgow, qui a rappelé que ces forêts «sont essentielles à notre survie même», et qu’elles sont malheureusement en train de reculer «à un rythme alarmant» de 27 terrains de football chaque minute.
... Encore beaucoup d'autres chantiers à négocier
Si Boris Johnson a fait part de son enthousiasme concernant les différents accords auxquels les participants à la COP26 sont parvenus, du côté des experts, la lutte contre les changements climatiques est loin d’être gagnée. «Nous sommes à la COP26, alors ça fait plus d'un quart de siècle que nous parlons. Nous avons fait des progrès mais pas assez rapidement», a déclaré Inger Andersen, à la tête de l’ONU-Environnement, à l’issue de la première semaine de négociation. «Nous savons depuis longtemps que nous devons agir, nous connaissons depuis longtemps les solutions (...) et nous avons vu des changements, mais nous devons accélérer», a-t-elle plaidé.
Cependant, la possibilité de parvenir à un accord lors de cette deuxième semaine de discussion s’annonce plus complexe. En effet, d’importants chantiers vont être étudiés, et qui ne sont pas ceux où il sera le plus aisé de convaincre les nombreux participants. En effet, dès ce lundi, l’épineuse question du soutien financier des pays riches aux pays les plus vulnérables sera abordée. Alors que dès 2009, les pays développés s’étaient engagés à verser 100 milliards d’euros par an dès 2020 aux pays les plus pauvres, premières victimes du réchauffement climatique, 20 milliards manquent toujours à l’appel cette année, et selon les prévisions de la présidence de la COP26, cet objectif ne sera atteint qu’en 2023. Il leur faudra alors trouver comment répondre aux pays pauvres, qui comptaient sur le sommet pour négocier une augmentation de cette enveloppe, qui leur permet d'une part de s'adapter aux changements climatiques, et d'autres part de faire leur transition vers des énergies plus vertes et limiter leurs émissions.
Sera également étudiée la question des quotas de carbone et de leurs échanges entre les pays et les marchés privés, et les différents participants vont devoir trouver un accord international sur l’encadrement des marchés nationaux de carbone. «Cette seconde semaine de COP ne sera probablement pas paisible», a même reconnu le président du sommet, Alok Sharma.