Alors que s'est ouverte ce lundi 11 novembre la 29e conférence sur le climat à Bakou (Azerbaïdjan), la nomination de Mukhtar Babayev à la présidence est fustigée par les ONG qui dénoncent des liens avec l'industrie pétrolière.
Comme un air de déjà vu. Après le Sultan al-Jaber à la tête de la COP28 aux Emirats arabes unis en 2023, c'est au tour d'une autre figure de l'industrie pétrolière de prendre les reines de la nouvelle conférence sur le climat qui s'est ouverte à Bakou ce lundi 11 novembre. À 57 ans, l'actuel ministre de l'Écologie et des Ressources naturelles azerbaïdjanais Muktar Babayev marche sur les traces de son prédécesseur dubaïote.
Comme al-Jaber, qui avait présidé la COP28 tout en étant patron de la principale compagnie pétrolière émiratie Adnoc, Mukhtar Babayev va jouer un rôle similaire lors de la COP29 tout en ayant travaillé pendant vingt-six ans au sein de la Socar (State Oil Company of Azerbaijan Republic).
Vétéran dans l'industrie pétrolière
Peu connu du grand public, cet homme politique est un vétéran de l'indutrie pétrolière. Avant d'entamer sa mue écologique, il a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de cette compagnie pétrolière Socar, avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques. Ce n’est que de 2007 à 2010 qu’il est devenu le vice-président chargé de l’écologie.
La carrière de Mukhtar Babayev a pris un tournant politique à partir de 2010 où il s'est fait élire député sous les couleurs du Parti du nouvel Azerbaïdjan (Yap), principale force politique du pays dirigée par le président autocrate azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Huit ans plus tard, le voilà désigné ministre de l'Écologie dans ce pays du Caucase fortement dépendant des hydrocarbures. Il a d'ailleurs représenté son pays lors de la dernière conférence sur le climat à Dubaï. C’est à ce moment-là qu’un «consensus général» s'est dégagé pour retenir la candidature de l’Azerbaïdjan comme organisateur de la COP29.
UN PRÉSIDENT CONTROVERSÉ
S'il n'aura qu'un rôle décisionnaire, Mukhtar Babayev encadrera jusqu'au 22 novembre les négociations et proposera des compromis pour faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique.
De vétéran de l’industrie pétrolière à homme politique en charge du portefeuille de l’écologie, Mukhtar Babayev a concentré sur sa personne de multiples critiques. En première ligne, les Organisations non gouvernementales ont vivement critiqué sa nomination. La chercheuse allemande Alice Harrison, de l'ONG Global Witness, a notamment exprimé auprès de l’AFP un «sentiment de déjà-vu» avec un «ancien responsable pétrolier issu d'un pétro-État autoritaire».
«La COP29 risque de devenir un nouveau forum pour les contrats et la diplomatie des énergies fossiles», au moment où «la Socar mène une stratégie d’expansion régionale des énergies fossiles», a assuré de son côté l’ONG Transparency international et le collectif Anti-corruption data dans un rapport publié le 31 octobre.
Si ses liens avec l'industrie pétrolière interrogent, l'aversion envers Babayev résulte avant tout de la dépendance de l’Azerbaïdjan sur les hydrocarbures. Dans un pays où ils représentent un peu moins de 50% de son PIB, difficile de ne pas voir dans cette COP29 un conflit d'intérêt entre le pays organisateur et les enjeux climatiques.
Néanmoins, Mukhtar Babayev dans ses déclarations publiques a insisté sur la nécessité de se mobiliser contre le changement climatique et assure même être désormais un «ennemi» de son ancienne entreprise.
Pourtant, l'an dernier, seulement quelques mois après la COP28, l'Azerbaïdjan déclarera augmenter sa production d’énergies fossiles de 14% d’ici 2035.