Depuis le mois de septembre, la confusion règne au Soudan. Ce 25 octobre au matin, le chef du gouvernement, Abdallah Hamdok, et une bonne partie de ses ministres ont été emmenés par des hommes armés. Le premier pas d'un coup d'Etat.
Que s'est-il passé ?
En place depuis août 2019, Abdallah Hamdok est donc détenu dans un «lieu non identifié» à en croire le ministre de l'Information soudanais. Il aurait refusé un coup d'Etat. Depuis, des soldats ont pris d'assaut la télévision d'Etat en retenant certains employés. Le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête de la transition, devrait y faire une annonce dans peu de temps.
Ce coup d'Etat n'est pas de l'avis de tout le monde. Des habitants de Khartoum sont rapidement descendus dans la rue pour protester contre cette prise de pouvoir militaire. D'après le ministère de l'Information, qui continue de communiquer, une répression sanglante serait actuellement en cours, avec des soldats qui tirent à balles réelles sur des manifestants. Pour autant, le cabinet du Premier ministre a appelé les Soudanais à se lever contre ce coup d'Etat.
Un contexte explosif
Au pouvoir depuis près de trente ans au Soudan, Omar el-Béchir avait été destitué par l'armée suite à une révolution du peuple en 2019. Cette dernière avait débuté en raison de la hausse de certains produits comme le pain. La contestation s'était alors étendue pour lutter contre le pouvoir en place. Une fois Omal el-Béchir retiré du pouvoir, l'armée avait formé un gouvernement de transition constitué de soldats et de civils. L'objectif était de stabiliser le pays durablement. Cependant, des tensions et des luttes de pouvoir sont nées ces derniers mois, et ont fragilisé la situation.
Des manifestations pro-armée avaient éclaté il y a quelques semaines, avec certains contestataires qui ont décidé de planter leurs tentes devant le palais présidentiel. Le camp pro-civil s'inquiétait notamment d'un «coup d'Etat rampant» ces derniers jours. Abdallah Hamdok assurait ainsi que le pays traversait sa «crise la plus grave et la plus dangereuse» pour la transition, dénonçant notamment une tentative de prise de pouvoir menée par des officiers loyaux à Omal el-Béchir en septembre dernier. Cette fois-ci, tout semble désormais remis en question.
Que dit la communauté internationale ?
Rapidement, les membres de la communauté internationale ont appelé au calme et à la fin des violences. L'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, a appelé «les forces armées à relâcher immédiatement les personnes retenues». Les Etats-Unis, qui possèdent également un émissaire sur place, se sont dits «profondément inquiets». Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a fait part de sa «profonde préoccupation face aux développements» dans le pays. L'Allemagne a quant à elle demandé clairement la fin de la prise de pouvoir. «Les informations faisant état d'une nouvelle tentative de coup d'Etat au Soudan sont atterrantes», a ainsi clamé Heiko Maas, ministre des Affaires étrangères allemand.