Alors que les tensions sont exacerbées depuis plusieurs semaines au Soudan entre les civils et les militaires, ces derniers ont arrêté une grande partie des ministres en place et de nombreux membres du Conseil de souveraineté ce lundi 25 octobre dans la matinée.
Après un premier coup d’Etat manqué le 21 septembre dernier, les militaires opposés au régime civil de transition en place au Soudan sont de nouveau passés à l’action ce lundi, comme en atteste le ministère de l’Information dans un communiqué.
Le général Abdel Fattah al-Burhane, leader des autorités de transition, a annoncé dans la foulée la dissolution du gouvernement et du Conseil de souveraineté, avant de décréter l'état d'urgence dans l'ensemble du pays.
Le Premier ministre, Abdallah Hamdok, également touché par cette vague d’arrestation menée avant l’aube aux domiciles des dirigeants civils pour avoir notifié son refus de soutenir ce coup d'Etat, a appelé à manifester contre ce processus anti-démocratique. Depuis ce matin, une coupure Internet a été observée dans l’ensemble du pays, laissant peu de place aux informations complémentaires.
Le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a «clairement condamné» ce coup de force dans un communiqué en fin de matinée, appelant les militaires sur place «cesser immédiatement» leurs activités pour laisser place à une «transition politique pacifique vers la démocratie».
Une division interne
Scindée en deux depuis la destitution du dictateur Omar el-Béchir en avril 2019, le Soudan est soumis depuis plus de deux ans à une instabilité politique. Le gouvernement actuel, formé de militaires et de civils, devait pourtant conduire à un régime entièrement civil à terme.
Ce samedi, une faction soudanaise défendant la transition vers un régime civil, les Forces pour la liberté et le changement (FFC), avait déjà mis en garde contre un «coup d’Etat rampant» lors d’une conférence de presse donné à Khartoum, la capitale du pays.
جانب من تحرك السودانيين في العاصمة الخرطوم قبل قليل لمعارضة التحركات العسكرية الاخيرة pic.twitter.com/537sVdRsdn
— ZaidBenjamin زيد بنيامين (@ZaidBenjamin5) October 25, 2021
Un soutien fort au régime civil
Pour protester contre ce tour de force militaire, de nombreux manifestants se sont réunis ce lundi matin dans les rues, mettant le feu à des pneus. Ils sont venus faire écho aux dizaines de milliers de Soudanais présents dans les villes du pays la semaine dernière pour réclamer une transition vers le pouvoir civil.
Toutefois, le nombre de manifestants conséquents dans les rues soudanaises ne devrait pas influer sur le destin du pays car les militaires à l’origine de ce putsch semblent déterminés à renverser le pouvoir civil. Sauf si les États-Unis, présents dans le pays samedi par l’intermédiaire de leur envoyé spécial Jeffrey Feltman, décidaient d’intervenir pour rétablir l’ordre dans les semaines à venir.