Au Tigré, au nord de l’Ethiopie, le conflit entre le gouvernement fédéral et le Front de libération du peuple du Tigré continue d’éprouver durement les populations. Selon l’ONU, plus de 400.000 personnes ont «franchi le seuil de la famine» dans cette région.
La situation s'est «considérablement aggravée», a déclaré vendredi le secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires de l'ONU, Ramesh Rajasingham, lors de la première réunion publique du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Tigré depuis le déclenchement du conflit en novembre 2020.
«Les vies de bon nombre de ces personnes (au Tigré) dépendent de notre capacité à les atteindre avec de la nourriture, des médicaments». «Nous devons les atteindre maintenant. Pas la semaine prochaine. Maintenant», a-t-il lancé.
Deux ponts cruciaux pour l'aide humanitaire détruits
L'acheminement de l’aide humanitaire a été rendu particulièrement compliqué par la destruction de deux ponts par les forces éthiopiennes, selon des ONG et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le gouvernement éthiopien a rejeté vendredi les accusations affirmant qu'il prévoyait de bloquer l'aide humanitaire vers le Tigré. «L'insinuation selon laquelle nous prévoyons d'asphyxier le peuple tigréen en refusant l'accès humanitaire et en utilisant la faim comme une arme de guerre est inadmissible», a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen à des diplomates réunis dans un hôtel de la capitale Addis Abeba.
La capitale régionale reprise par les rebelles
Le conflit a connu un tournant majeur lundi en Ethiopie avec la prise de la capitale régionale Mekele par les forces loyales aux autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré.
L'ONU exhorte les forces rebelles «à approuver immédiatement et complètement le cessez-le-feu» décrété par le gouvernement éthiopien dans la région, a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
«Un cessez-le-feu observé par toutes les parties faciliterait non seulement la fourniture d'une aide humanitaire, mais serait également un point de départ pour les efforts politiques nécessaires pour tracer une voie de sortie de crise», a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait envoyé l'armée au Tigré début novembre 2020 pour capturer les dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré, qu'il accusait d'avoir orchestré des attaques contre des bases militaires fédérales.
Abiy Ahmed a proclamé la victoire après la prise de Mekele le 28 novembre, mais les combats n'ont jamais cessé entre les rebelles et l'armée éthiopienne, épaulée par des troupes des autorités régionales voisines de l'Amhara et l'armée de l'Erythrée.
La guerre a plongé la région dans une situation humanitaire dramatique. Selon le PAM, 5,2 millions de personnes, soit 91 % de la population du Tigré, ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence.