Guerre, bombardements, accusations d'attaques aux armes chimiques... Alors que le conflit syrien a débuté il y a dix ans jour pour jour ce 15 mars, le président du pays Bachar al-Assad aura réussi à se maintenir en place pendant toutes ces années. Un tour de force pour celui qui avait perdu le soutien d'une grande partie de la communauté internationale.
«Une chose est certaine, c'est que le régime de Bachar al-Assad ne tiendra pas». Par ces mots, François Hollande demandait ainsi le départ du chef d'Etat à l'été 2012. Le président français, qui ne s'est pas avéré prophète par ces mots, se montrait alors particulièrement vindicatif contre son homologue syrien, alors que la communauté internationale craignait l'utilisation des armes chimiques contre la population, qui s'était soulevée dans le sillage du printemps arabe en 2011. Mais face à la répression du régime, la guerre civile s'était alors enclenchée.
Dès 2013, les services de renseignements américains assurent avoir des éléments prouvant que des armes chimiques ont bel et bien été utilisées par Damas. L'ONU assurera en août de la même année que la Syrie a employé du gaz sarin dans une attaque. Une accusation qui sera confirmée plus tard par des analyses de sang et d'urine. Pour rappel, le gaz sarin est un agent neurotoxique qui entraîne notamment la mort par arrêt cardio-respiratoire.
Alors qu'une partie des Européens avaient déjà lâché le président syrien, Barack Obama avait fait de l'utilisation des armes chimiques sa «ligne» à ne pas franchir. Finalement, alors que les Etats-Unis s'étaient préparés à des frappes militaires au côté de la France, le président américain fera machine arrière. François Hollande fera état de sa frustration quant à cette volte-face dans le livre «Un président ne devrait pas dire ça» de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Des sanctions pour rien ?
Dix ans plus tard, malgré les remontrances des Etats occidentaux et les accusations de crimes de guerre, Bachar al-Assad est donc toujours au pouvoir. Il aura notamment pu compter sur le soutien de l'Iran, pays musulman chiite qui ne souhaitait pas voir un gouvernement sunnite prendre le pouvoir, et de la Russie. Vladimir Poutine expliquait en effet que garder le président en place était le meilleur moyen de combattre Daesh, qui a profité du conflit syrien pour s'imposer comme une force militaire imposante de la région. Cet argument était en effet la raison numéro 1 avancée par la majorité des soutiens de Bachar al-Assad.
Plus rien ne semble aujourd'hui en mesure de venir à bout du président syrien. S'il n'a pas encore repris le contrôle total sur son territoire, des attaques ont encore eu lieu ces derniers mois, notamment avec le soutien de la Russie, pour y remédier.
En France, une première plainte pour «crimes contre l'humanité» a été déposée début mars, notamment pour l'utilisation des armes chimiques en 2013 contre la population syrienne. Cependant, le régime syrien est d'ores et déjà la cible de sanctions de la part de l'Union européenne. Une condamnation de Bachar al-Assad pourrait donc accentuer celles-ci, mais difficile d'imaginer le chef d'Etat plier l'échine après ces années de résistance face à la communauté internationale. Âgé de 55 ans, l'homme en place depuis 2000 pourrait donc rester au pouvoir encore de longues années en Syrie, contre vents et marées.