Questionné ce mardi 16 février sur sa récente conversation avec son homologue chinois Xi Jinping, le président américain Joe Biden a eu des propos controversés sur la répression exercée par la Chine sur la communauté Ouighour. Il a notamment affirmé que chaque pays avait des «normes culturelles» différentes, et donc différentes façons de gouverner.
Selon le compte rendu officiel de la Maison blanche, Joe Biden avait exprimé ses «préoccupations fondamentales concernant les pratiques économiques coercitives de Pékin, la répression à Hong Kong, et la violation des droits humains dans le Xinjiang», lors de son entretien avec le président chinois Xi Jinping la semaine dernière.
Cependant, lors d’une séance de questions de la population ce mardi 16 février, diffusé sur CNN, nommé le «CNN Town Hall», Joe Biden a eu un discours plus nuancé sur les actions menées par le gouvernement chinois sur les Ouighours. «Je lui ai fait remarquer qu'aucun président américain ne peut être soutenu en tant que président s'il ne reflète pas les valeurs des États-Unis, et donc l'idée que je ne vais pas m'exprimer contre ce qu'il fait à Hong Kong, ce qu'il fait avec les Ouïghours dans les montagnes occidentales de la Chine, il l’a comprise, a-t-il raconté. Culturellement, il y a différentes normes que chaque pays et ses dirigeants sont censés suivre.»
Des déclarations qui ont beaucoup fait réagir, dans la mesure où de nombreuses associations de défense des droits de l’homme et médias, notamment une récente enquête de la BBC, indiquent des faits de tortures et de violences sexuelles sur cette communauté musulmane dans des camps chinois. Certains témoins affirment au média britannique que des femmes sont victimes de viols collectifs et de stérilisation forcée. Sur Twitter, plusieurs internautes et personnalités politiques ont jugé «honteuse» cette déclaration du président américain, comme Steve Guest, conseiller de communication du sénateur républicain Ted Cruz.
Joe Biden on China’s human rights violations and genocide against the Uighurs: “culturally there are different norms”
Shameful. pic.twitter.com/kTtXvTIsK6— Steve Guest (@SteveGuest) February 17, 2021
L'administration Biden pourtant ferme avec la chine
Lors de cette prise de parole, si Joe Biden n’a pas fermement dénoncé les agissements de la Chine, il a tout de même affirmé qu'elle devra, un jour ou l’autre, répondre de ses actes. «Il y aura des répercussions pour la Chine et Xi Jinping le sait. Ce que je fais, c'est de dire clairement que nous allons continuer à réaffirmer notre rôle de porte-parole des droits de l'homme aux Nations unies et dans d'autres agences qui ont un impact sur leur attitude», a-t-il ainsi affirmé.
La position de l’administration américaine, que ce soit sous Donald Trump ou maintenant sous Joe Biden, a cependant toujours été de dénoncer ces faits et d’exhorter la Chine de mettre fin à ces violences. À la suite de la publication de l’enquête de la BBC, un porte-parole du Département d’État américain avait déclaré : «Ces atrocités heurtent la conscience et doivent avoir de graves conséquences.» Sous l’ère de Donald Trump, l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait notamment accusé la Chine de commettre un «génocide».
Joe Biden essayerait-il d’apaiser les relations entre les États-Unis et la Chine, au plus mal après le mandat de Donald Trump ? Rien n’est moins sûr, puisque le président américain a partagé son intention de créer un groupe de travail chargé d’élaborer une nouvelle stratégie militaire «ferme» face à la Chine. Quelques jours avant son entretien avec Xi Jinping, il déclarait même que le président chinois n’avait pas «une once de démocratie en lui». Les relations avec la Chine sont l’un des plus gros dossiers que devra gérer Joe Biden pendant son mandat, entre relations économiques et politiques, mais il déclare tout de même vouloir privilégier la diplomatie à l’usage de la force.