Une révélation surprenante. Enrique Tarrio, leader du groupuscule américain de suprémacistes blancs Proud Boys, a un passé d'informateur pour la police. Il a aidé à faire tomber une douzaine de personnes impliquées notamment dans des affaires de drogue.
C'est à l'agence de presse Reuters que l'on doit cette information. Le média britannique la tient d'une ancienne procureure fédérale s'étant occupée du cas d'Enrique Tarrio, Vanessa Singh Johannes, ainsi que d'une transcription d'une audience judiciaire datant de 2014.
Selon ces deux sources, cet Américain d'origine cubaine de 36 ans a été arrêté en 2012 pour une histoire de fraude liée à des kits de test de diabète volés, puis a travaillé sous-couverture pour les enquêteurs de la police dans de «nombreuses» affaires.
«Il a coopéré avec les forces de l'ordre locales et fédérales, pour aider à poursuivre des personnes qui dirigaient des entreprises criminelles, qui allaient de la gestion de fermes à cannabis à Miami à l'exploitation de stratagèmes de fraude pharmaceutique», a expliqué Vanessa Singh Johannes à Reuters.
Un coopérateur «prolifique»
Lors de l'audience au tribunal en 2014, Jeffrey Feiler, qui était alors l'avocat d'Enrique Tarrio, a même assuré que son client était un coopérateur «prolifique». Et celui-ci de citer plusieurs affaires dans lesquelles il avait été impliqué : vente de stéroïdes anabolisants, ordonnances de stupéfiants ou encore passage de clandestins. Selon la procureure, son travail a permis à la police de poursuivre 13 personnes dans deux affaires distinctes et d'enquêter sur un réseau de jeux de hasard.
Depuis cette audience en 2014, il n'y a aucune preuve qu'Enrique Tarrio, chef des Proud Boys depuis 2018, ait continué à coopérer avec la police. Lui nie en bloc les faits. «Je ne sais rien de tout cela. (...) Je ne me souviens de rien de tout cela», a-t-il déclaré à Reuters, expliquant que sa réduction de peine dans son affaire de fraude (passée de 30 à 16 mois de prison) n'était liée qu'à des «éclaircissements» donnés sur son propre cas.
Ces révélations risquent dans tous les cas de fragiliser sa position au sein de sa milice d'extrême droite, dont le rôle dans l'assaut du Capitole à Washington le 6 janvier dernier est pointé du doigt. Au moins six de ses membres ont déjà été inculpés, dont ne fait pas partie Enrique Tarrio. Il n'a en effet pas pris part à l'insurrection du bâtiment du Congrès américain, car il a été arrêté deux jours avant pour avoir incendié une bannière «Black Lives Matter» lors d'une marche pro-Trump organisée mi-décembre.