«Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts», avait déclaré Donald Trump lors du premier débat présidentiel ce mardi. Le président des États-Unis était appelé par Chris Wallace, le modérateur du débat, à condamner les violences commises par les suprémacistes blancs. Le président a donc répondu par un message adressé à un groupe d’extrême droite aux valeurs ultra-conservatrices.
Les «Proud Boys» («Les garçons fiers», en français) ont été fondés en 2016, pendant la précédente campagne présidentielle, par Gavin McInnes, qui a créé le magazine Vice dans les années 1990. Ce groupe ne s’adresse qu’aux hommes, et s’auto désigne comme une organisation «fraternelle, pro-occidentale, qui refuse de s’excuser d’avoir créé le monde moderne», et comme des «chauvins occidentaux». Ils sont reconnaissables à leurs polos noirs à bandes jaunes, mais aussi à leur tatouage : pour devenir un membre du groupe, plusieurs étapes sont nécessaires, dont l’une consiste à se faire tatouer son emblème.
Les Proud Boys ont été qualifiés de «suprémacistes blancs extrêmes» par l’Anti Defamation League (ADL), organisation gouvernementale américaine qui lutte contre les discriminations. L’ADL qualifie leur idéologie de «misogyne, islamophobe, transphobe et anti-immigration».
Dans une interview pour le New York Times en 2003, le fondateur du groupe affirmait : «J’aime être blanc et je pense que c’est quelque chose dont on doit être fier. (…) Je ne veux pas que notre culture soit diluée. Nous avons besoin de fermer les frontières maintenant et laisser tout le monde assimiler le mode de vie occidental, blanc, et anglophone.»
Les Proud Boys affirment également «vénérer la femme au foyer», et sont très attachés au second amendement de la constitution américaine, qui garantit le port d’arme pour les citoyens américains.
Un groupe connu pour ses actes de violence
La violence est l’un des moyens d’expression privilégié du groupe. Plusieurs membres des Proud Boys ont déjà été arrêtés pour des actes de violences, notamment durant des manifestations. Au mois d’août, ces militants d’extrême droite se sont rassemblés à Portland, dans l’État de l’Oregon, armés jusqu’aux dents. Ils ont affrontés dans les rues les «Antifas» (antifascistes), groupe d’extrême gauche que dénonce régulièrement le président américain.
Un des membres de Proud Boys a été arrêté ce mercredi 30 septembre, pour avoir justement pointé son arme et tiré avec un fusil de paintball sur des manifestants antifascites à Portland.
Ces derniers, militants d'extrême gauche, sont souvent pointés du doigt par Donald Trump comme étant un groupe violent, qu'il souhaiterait classer comme «organisation terroriste». Pas un mot en ce sens, en revanche, concernant les Proud Boys.
Une polémique de plus pour le président américain
Le message de Donald Trump adressé au groupe d’extrême droite lors du débat de mardi a fait réagir. Joe Biden, son adversaire démocrate dans la course la présidence des États-Unis, s’est empressé de dénoncer les propos du président sur Twitter. «Ça. C’est l’Amérique de Donald Trump», a-t-il écrit, avec une capture d’écran montrant des messages de membres des Proud Boys, ravis que le président les ait cités pendant un débat qui s'apparentait plus à un règlement de comptes qu'à une réelle discussion politique.
This. This is Donald Trump's America. https://t.co/wld2mmGTwe
— Joe Biden (@JoeBiden) September 30, 2020
White supremacy has no place in America.
We shouldn’t have to beg the President of the United States to say that.— Joe Biden (@JoeBiden) September 30, 2020
«La suprématie blanche n’a pas sa place en Amérique. Nous ne devrions pas avoir à implorer le président des États-Unis pour le dire», a-t-il continué sur le réseau social. En effet, durant le débat, Chris Wallace a demandé plusieurs fois à Donald Trump de condamner les actions des suprémacistes blancs, alors que le président bottait en touche.
Peu après le débat, le fils du président, Donald Trump Jr, a pris la défense de son père. «Il leur a dit de reculer, il a dit qu’il serait plus que ravi de les condamner. Il s’est peut-être mal exprimé, mais il leur a demandé de se tenir en retrait», a-t-il affirmé sur la chaine CBS News.
Face à l’ampleur de la polémique, Donald Trump est revenu sur ses propos ce mercredi, en affirmant : «Je ne sais pas qui sont les Proud Boys. Je ne sais vraiment pas qui ils sont. La seule chose que j’ai à dire, c’est qu’ils doivent se retirer, et laisser les forces de l’ordre faire leur travail.»