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Afghanistan : la trêve prolongée en vue d'un «cessez-le-feu complet»

D'anciens talibans rendent les armes lors d'une cérémonie le 1er mars 2020 à  Jalalabad [NOORULLAH SHIRZADA / AFP] D'anciens talibans rendent les armes lors d'une cérémonie le 1er mars 2020 à Jalalabad [NOORULLAH SHIRZADA / AFP]

La trêve partielle d'une semaine en Afghanistan va se poursuivre, a déclaré dimanche le président Ashraf Ghani qui espère un «cessez-le-feu complet», au lendemain de la signature d'un accord historique entre Washington et les talibans dont il a toutefois rejeté une clause importante.

La semaine de «réduction des violences» a vu le nombre d'attaques s'effondrer à travers le pays en guerre. Elle a précédé la signature samedi à Doha de l'accord entre les Etats-unis et les insurgés afghans, selon lequel Washington et ses alliés s'engagent à retirer toutes leurs troupes d'Afghanistan sous 14 mois si les talibans respectent les termes de l'accord, dont l'ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.

«La réduction des violences va continuer avec pour but d'atteindre un cessez-le-feu complet», a dit M. Ghani lors d'une conférence de presse à Kaboul, ajoutant que les talibans avaient été informés de cette décision par le général Scott Miller, le chef des forces américaines dans le pays.

«Nous commenterons cela plus tard», a déclaré à l'AFP un porte-parole des insurgés, Zabihullah Mujahid.

Bien qu'il ne s'agissait pas d'un cessez-le-feu complet, la chute du nombre d'attaques talibanes à travers le pays a redonné espoir à de nombreux Afghans, provoquant des scènes de célébration spontanée dans les rues où les gens dansaient de joie.

Premier couac sur l'accord 

Mais la route reste encore longue avant la signature d'un véritable accord de paix dans ce pays ravagé par les conflits depuis plus de 40 ans, où les Etats-Unis sont présents militairement depuis fin 2001, lorsqu'ils l'avaient envahi à la suite des attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.

Le président afghan Ashraf Ghani à son arrivée à une conférence de presse le 1er mars 2020 à Kaboul [WAKIL KOHSAR / AFP]
Le président afghan Ashraf Ghani à son arrivée à une conférence de presse le 1er mars 2020 à Kaboul

M. Ghani a ainsi rejeté la clause de l'accord - dont son administration n'est pas signataire - qui demande aux insurgés de libérer jusqu'à 1.000 prisonniers et au gouvernement afghan d'en libérer 5.000.

«Il n'y a pas d’engagement à libérer 5.000 prisonniers», a-t-il déclaré.

«C'est le droit et le propre souhait du peuple d'Afghanistan. Cela fait partie de l'agenda des discussions intra-afghanes, mais ne peut pas être un prérequis à des discussions», a ajouté le président, faisant référence aux négociations intra-afghanes.

Toute libération de prisonniers «ne relève pas de l'autorité des Etats-Unis, cela relève de l'autorité du gouvernement afghan», a souligné M. Ghani.

Crise politique à Kaboul

Les négociations entre son gouvernement et les talibans doivent débuter le 10 mars, selon l'accord de Doha.

Elles verraient les insurgés négocier l'avenir du pays face à une délégation que l’envoyé américain Zalmay Khalilzad a décrite comme «inclusive» et comportant «des figures importantes du gouvernement, des responsables clefs de partis politiques, des membres de la société civile, et des femmes».

Selon les termes de l'accord, l'ouverture de ces discussions intra-afghanes est un préalable au retrait des troupes américaines.

Les insurgés ont jusqu'ici refusé de négocier avec le gouvernement de M. Ghani, qu'ils décrivent comme une marionnette de Washington.

Le président afghan doit maintenant mettre en place la délégation afghane en vue du dialogue, alors qu'il est empêtré dans une crise politique suite à des accusations de fraude électorale concernant sa réélection contestée, notamment par son principal rival Abdullah Abdullah qui veut mettre en place sa propre administration parallèle.

Washington n'a toujours pas réagi à la réélection de M. Ghani, alors que les résultats définitifs ont été annoncés le 18 février, avec des mois de retard.

En dépit de l'incertitude concernant l'accord de Doha, les habitants de Kaboul ne cachaient pas leur soulagement de pouvoir marcher dans les rues sans craindre d'attaques des talibans, généralement meurtrières et touchant essentiellement des civils.

«Je me sens beaucoup plus en paix aujourd'hui après l'accord, plus détendu», confiait un policier sous condition d'anonymat.

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