Plus de trois ans et demi après le référendum sur le Brexit - 1.317 jours précisément - le Royaume-Uni sortira officiellement de l'Union européenne ce vendredi 31 janvier. Un moment historique, mais qui n'entraînera pas de profonds bouleversements.
A partir du 1er février s'ouvrira une période de transition, une disposition prévue dans l'accord de divorce, durant laquelle les relations entre Londres et l'UE resteront inchangées. Le Royaume-Uni restera membre de l'union douanière et du marché unique européens, et continuera donc à respecter les règles de l'UE. Cette phase transitoire doit permettre aux deux parties de négocier le cadre de leur relation future, sur le plan sécuritaire mais surtout commercial.
Le gros morceau de cette phase 2 des discussions - qui débutera le 3 mars prochain selon le Guardian - sera en effet la recherche d'un accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles. Boris Johnson en voudrait un du type de celui conclu en 2016 entre l'UE et le Canada, le CETA, c'est-à-dire sans alignement avec les règles européennes, avec «zéro droit de douane» et «zéro quota», mais Bruxelles ne veut pas que le Royaume-Uni en tire des avantages indus.
Selon les termes de l'accord de Brexit, cette période de transition doit durer jusqu'au 31 décembre 2020, avec une possibilité qu'elle soit prolongée jusqu'à deux ans supplémentaires. Ce que Boris Johnson rejette en bloc, malgré les inquiétudes européennes quant au calendrier extrêmement serré des négociations qui s'annoncent.
Compte tenu du temps nécessaire à la ratification d'un accord, Londres et Bruxelles ne devraient en effet disposer, au mieux, que de huit mois, de mars à octobre, pour parvenir à s'entendre sur leur relation future. «C'est mission impossible», souffle un diplomate européen à l'AFP, au vu notamment de la multiplicité des sujets que doivent abordés les deux parties dans ce laps de temps très court (commerce des biens, pêche, sécurité intérieure et extérieure, etc.) et des sept années qu'il a fallu pour parvenir à la signature du CETA.
Départ des eurodéputés britanniques du Parlement européen
Le 1er février, les Britanniques et les Européens se réveilleront donc comme si rien ne s'était passé la veille. Le seul changement majeur à noter concerne les institutions européennes. Une fois le Brexit mis en œuvre, les Britanniques vont devoir quitter ces dernières. Et notamment le Parlement européen, où siègent 73 eurodéputés britanniques. Un Brexit qui va notamment signifier la fin de la carrière politique européenne de Nigel Farage, figure de proue des partisans du Brexit outre-Manche et pensionnaire du Parlement européen depuis 1999.
Après le divorce, l'hémicycle de Strasbourg ne comptera plus que 705 élus (contre 751 actuellement), puisque seulement 27 des 73 sièges laissés vacants par le départ des Britanniques seront redistribués, les 46 autres étant gardés en réserve pour les éventuels futurs Etats membres de l'UE. Ces 27 nouveaux eurodéputés - dont cinq Français - avaient été élus lors des dernières européennes, en mai dernier, mais ne siégaient pas, attendant l'entrée en vigueur du Brexit, ce qui leur avait valu le surnom d'élus «gelés» ou «Picard».
Londres n'aura également plus le droit de présenter un candidat britannique à un poste de commissaire européen, un pouvoir réservé aux seuls Etats membres de l'UE. On est loin d'une révolution, puisque le Royaume-Uni n'avait déjà plus de représentant britannique dans l'exécutif européen depuis le 1er décembre, Boris Johnson ayant refusé d'en proposer un dans la nouvelle Commission d'Ursula von der Leyen. En revanche, un vrai changement visible sera l'absence désormais du Premier ministre britannique aux sommets européens, où il ne sera plus invité, à l'instar des membres du gouvernement aux réunions ministérielles de l'UE.