Les autorités britanniques ont refusé le statut de résident permanent au chef français d'un restaurant étoilé de Londres, Claude Bosi, qui a regretté vendredi de ne plus se sentir «le bienvenu» après le Brexit au Royaume-Uni où il vit depuis plus de 20 ans.
Claude Bosi, chef du restaurant gastronomique Bibendum, deux étoiles au Michelin, a publié sur son compte Instagram la lettre du Home office lui signifiant ce refus, qui illustre les inquiétudes de certains citoyens européens sur leur avenir au Royaume-Uni après la sortie de l'Union européenne. «Cela fait 23 ans que je vis en Angleterre et on m'envoie ça aujourd'hui... J'aime le Royaume-Uni, que je considère encore aujourd'hui comme mon chez moi, mais on me dit après 23 ans de TVA et d'impôts payés que je ne suis plus le bienvenu ici. Mais que ce passe-t-il dans ce monde ? #merciBrexit» écrit-il sur le réseau social.
Il lui a été signifié qu'il manquait trois avis d'imposition pour que sa demande aboutisse et qu'il avait quatorze jours pour faire une nouvelle demande.
Marié à une Britannique et père de deux enfants de 14 et 5 ans, qui ont la nationalité britannique, M. Bosi, 47 ans, a ouvert un premier restaurant, Hibiscus, en 2000, a Ludlow (ouest de l'Angleterre). En mars 2017, ce Lyonnais d'origine a repris le restaurant Bibendum au sein de Michelin House, ancien siège britannique du fabricant de pneus français, dans le quartier chic de Chelsea. Quelques mois plus tard, il obtenait deux étoiles au guide Michelin.
«J'ai de la chance d'avoir un peu de notoriété mais pou les gens qui n'en ont pas et sont dans la même situation que moi, c'est un cauchemar», a témoigné le chef auprès de l'AFP.
Le Royaume-Uni quittera l'Union européenne le 31 janvier. Les quelque 3,6 millions de citoyens européens qui vivent actuellement au Royaume-Uni doivent demander avant le 30 juin 2021 des statuts créés sur mesure («settled» ou «presettled» en anglais) pour continuer à travailler ou toucher des prestations sociales après le Brexit.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du Home office a précisé que M. Bosi n'était pas passé par cette procédure mais avait «demandé un document de permanent résident - quelque chose qu'il n'est pas requis ou recommandé pour les citoyens européens vivant au Royaume-Unis».
«Sa demande de résidence permanente a échoué car il n'a pas fourni suffisamment de preuves pour montrer qu'il remplissait les critères», a ajouté ce porte-parole. Il a précisé que le restaurateur avait été encouragé à faire une nouvelle démarche pour obtenir cette fois le «settled status», qui a déjà été accordé à 2,5 millions de personnes.