Un effet collatéral du Brexit. L'avenir d'Erasmus au Royaume-Uni paraît plus que jamais menacé, depuis que les députés britanniques ont voté, ce mercredi 8 janvier, contre une clause destinée à obliger le gouvernement à négocier le maintien du pays dans le programme d'échange européen après le retrait de l'UE.
Par 344 voix contre 254, la Chambre des communes a rejeté cette proposition soumise par les Libéraux-démocrates. Ce qui a provoqué sur les réseaux sociaux un flot de réactions attristées voire révoltées, notamment de Britanniques ayant passé quelques mois dans un autre pays d'Europe durant leur jeunesse grâce à Erasmus, et qui en gardent d'excellents souvenirs.
MPs have voted against New Clause 10 being read a second time, by 344 votes to 254.
This new clause would have required the Government to seek to negotiate continuing full membership of the EU’s Erasmus+ education and youth programme.— UK House of Commons (@HouseofCommons) January 8, 2020
Du côté des politiques, britanniques comme européens, c'est également la douche froide. Rory Stewart, prétendant à l'élection du chef du Parti conservateur l'an dernier et aujourd'hui candidat indépendant à la mairie de Londres, a regretté «une vraie perte». «Il n'y avait aucune raison (...) pour que le gouvernement n'ait pas pour objectif de jouer un rôle plus complet dans les échanges culturels et éducatifs avec l'Europe», a-t-il écrit sur Twitter, alors que le Royaume-Uni a dans les faits la possibilité de continuer à faire partie d'Erasmus même lorsqu'il ne sera plus dans l'UE, en tant que pays partenaire.
Very disappointing- there was no reason why - even when pursuing Brexit - the government couldn’t have aimed to play a much fuller role in cultural and educational exchanges with Europe. This is a real loss. https://t.co/WsY18II8oE
— Rory Stewart (@RoryStewartUK) January 9, 2020
Plusieurs députés européens, notamment français, ont également déploré le choix du Parlement britannique, désormais outrageusement dominé par des députés du Parti conservateur du Premier ministre Boris Johnson. «Mais quel aveuglement : Erasmus est l'ADN de la compréhension mutuelle», a tweeté la Française Sylvie Guillaume, députée européenne socialiste, tandis que le Belge Olivier Chastel, eurodéputé belge du groupe centriste Renew Europe, a qualifié cette décision de «dommageable pour les étudiants/stagiaires européens et britanniques».
Mais quel aveuglement : Erasmus est l'ADN de la compréhension mutuelle. Mauvais signe pour les négociations UE-UK à venir !
Merci de l'info @AlexTaylorNews https://t.co/IhCmHh8weN— Sylvie Guillaume (@sylvieguillaume) January 9, 2020
Triste nouvelle. Le Royaume-Uni fait le choix de sortir du programme #Erasmus+. Une décision dommageable pour les étudiants/stagiaires européens et britanniques.
Plus d’info sur #erasmus+ dans le thread d’hier https://t.co/NI6UGDrwFc @MR_officiel @RenewEurope https://t.co/tmv3G2cnGB— Olivier Chastel (@OChastel) January 9, 2020
Mais pas de panique pour les étudiants européens actuellement en Erasmus outre-Manche ou les Britanniques en étude en Europe, la fin annoncée du programme d'échange, symbole de la construction européenne, n'est pas pour tout de suite. En effet, il y a des garanties pour qu'il se poursuive au moins jusqu'à la fin de l'année 2020, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la période de transition post-Brexit.
En revanche, à partir du 1er janvier 2021, c'est l'inconnue la plus totale. En théorie, si l'on suit le vote du Parlement britannique de mercredi, le Royaume-Uni quittera Erasmus à cette date-là, comme tous les autres programmes européens. Mais quid des étudiants partis pour toute l'année scolaire 2020-2021 ? Devront-ils être rapatriés dans leur pays en plein milieu de leur cursus ? Sans compter que, d'ici à fin 2020, il peut se passer encore beaucoup de choses avec le Brexit, coutumier des péripéties. Il n'est ainsi pas à exclure que la seconde phase de négociations entre Londres et Bruxelles à partir de début février fasse bouger la position du gouvernement britannique sur Erasmus.