Benjamin Netanyahou l'annonce déjà comme «historique». Donald Trump doit dévoiler ce mardi 28 janvier son plan de paix pour le Proche Orient. L'annonce se fera à Washington alors que le Premier ministre israélien s'y trouve en voyage officiel, tout comme son rival Benny Gantz.
Un échec avant l'heure ?
Seulement, si ce fameux plan faisait partie des promesses de campagne de Donald Trump lors de son élection en 2016, il semberait que toutes les parties ne soient pas encore satisfaites. L'Autorité palestinienne estime d'ores et déjà que le projet est trop favorable à Israël, et le clame depuis plusieurs mois. Ses représentants avaient donc refusé de se rendre en Jordanie pour la présentation de «l'accord du siècle» par Jard Kushner en juin 2019. Par conséquent, ils n'auraient pas été invités à se rendre à Washington ce 27 janvier. Malgré tout, le président américain assure avoir parlé «brièvement» avec eux en amont de l'annonce et espère obtenir, in fine, leur «soutien».
«Ce n'est pas un plan de paix pour le Moyen Orient», a déclaré le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, en assurant que «ce plan vise à protéger Trump de la destitution et à protéger Netanyahou de la prison». «Je suis sûr qu'ils vont réagir de manière négative au début, mais c'est en vérité vraiment positif pour eux», s'était contenté d'annoncer le pensionnaire de la Maison Blanche quelques jours auparavant.
Que contient l'accord ?
Il est encore très difficile de dire avec précision ce qui constitue véritablement l'accord concocté par l'administration Trump. Selon les Palestiniens, il sera question pour Israël d'annexer la vallée du Jourdain ainsi que les colonies bâties en Cisjordanie, et la reconnaissance officielle de Jérusalem comme capitale du pays hébreu. En échange de cela, les Etats-Unis réaliseraient leur fameux plan d'investissement de 50 milliards au Moyen Orient, dont pourrait bénéficier l'Autorité palestinienne.
L'objectif de régler la situation par le porte-monnaie était clair pour le président américain depuis la présentation du plan économique par Jared Kushner. Cependant, les leaders de l'Autorité palestinienne ne semblent pas prêts à accepter de perdre les territoires occupés contre des gratifications financières.
Pourquoi cette annonce sans accord des Palestiniens ?
Si tous les voyants ne sont pas au vert pour l'annonce du plan, Donald Trump comme Benjamin Netanyahou veulent utiliser le dossier dans le cadre des élections qui les concernent. Le premier vise à rester à la Maison Blanche, quand le second livre une bataille contre Benny Gantz afin de garder sa place de Premier ministre.
Si le plan est un succès, le gain est évident. Mais même si ce n'est pas le cas, et que les Palestiniens continuent de refuser le «deal», les deux hommes pourront expliquer avoir eu face à eux des personnes refusant la négociation. «C'est uniquement de la politique. Vous ne pouvez pas avoir une discussion sérieuse à propos du plan de paix israélo-palestinien et n'inviter qu'un des deux pour en discuter», explique à Associated Press Michael Koplow, directeur politique au Forum Israélien de la Politique.
De plus, selon l'agence de presse, Donald Trump espère que ce plan en faveur d'Israël encourage l'électorat religieux à se tourner vers lui. Car s'il est très largement approuvé par les évangéliques, seuls 26% des votants juifs étaient satisfaits de son travail lors des élections de mi-mandat en 2018. À quelques mois des élections, un changement dans cette catégorie pourrait améliorer ses chances de réelection.