On parle «d'accord ultime» ou encore «d'accord du siècle». Le plan de l'administration américaine pour apporter la paix au Proche-Orient est présenté les 25 et 26 juin à Bahreïn, lors d'une grande conférence en présence d'acteurs importants de la région.
Une promesse de longue date
Pendant sa campagne, et dès le début de sa présidence, Donald Trump a placé le conflit israélo-palestinien dans l'agenda de ses priorités diplomatiques. Quelques jours après sa victoire lors de l'élection en novembre 2016, dans une interview au Wall Street Journal, il parlait déjà «d'accord ultime», en assurant que son passé de négociateur et d'homme d'affaires lui permettrait de réussir là où les autres ont échoué.
S'il n'a jamais utilisé lui-même l'expression d'«accord du siècle», il a donc l'ambition de réussir là où Bill Clinton a échoué en 1993 avec l'accord d'Oslo. Sans perdre de temps, Donald Trump a rencontré rapidement le président égyptien, puis Mahmoud Abbas, le président palestinien, qui encouragent alors tous deux un accord dans une région qui n'a jamais véritablement connu la paix depuis 1946 et la proclamation de l'État d'Israël.
Un plan mort-né ?
Sauf que Donald Trump affiche dans la foulée des positions très pro-israéliennes. Il fait déménager l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, contre l'avis de la communauté internationale, reniant ainsi la neutralité de la ville. Il valide également la souveraineté d'Israël dans le Golan syrien, en allant une nouvelle fois à l'encontre des positions de l'ONU. De plus, sa proximité avec Benjamin Netanyahou a immédiatement compliqué l'éventualité d'un plan réussi. Mahmoud Abbas et plusieurs chefs d'État ont d'ailleurs annoncé leur opposition au plan avant même qu'il ne soit dévoilé.
À tel point qu'un échec est plus que probable, d'autant que la Palestine n'a pas envoyé de représentants au Bahreïn. Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, préparait lui-même le terrain à cette éventualité dès le 3 juin. «Les gens peuvent penser que seuls les Israéliens aimeront ce plan, je comprends cette perception», expliquait-il alors, espérant malgré tout des avancées dans le dialogue.
D'autant que ce plan favoriserait l'option à un seul État, en échange de milliards de dollars injectés en Palestine, ce qui refroidit tant les principaux concernés que les Européens, farouchement attachés à l'option à deux États.
LE PAN ÉCONOMIQUE NE PLAÎT PAS À LA PALESTINE
Le premier pan du plan, le volet économique a été présenté le 23 juin. Il promet notamment des investissements à hauteur de 50 milliards de dollars en dix ans pour doubler le PIB palestinien, tout en augmentant le tourisme et la durée de vie des habitants.
Mais cette proposition a été immédiatement rejetée par des responsables palestiniens. Hanane Achraoui, conseillère de Mahmoud Abbas, a ainsi estimé que toute discussion économique ne devrait intervenir qu'une fois que la question territoriale serait réglée. Il faudra donc attendre de savoir si le reste du plan les convainc.
SON GENDRE AUX MANETTES
Pour parvenir à cet accord, il a fallu étudier la situation sur le terrain et discuter avec les chefs d'État. Afin d'y parvenir, Donald Trump a nommé son gendre Jared Kushner à la tête du dossier. Réputé pour être proche des positions israéliennes, il a régulièrement critiqué Mahmoud Abbas.
Dans un entretien au journal palestinien Al-Quds, il se questionne ainsi : «Je me demande dans quelle mesure le président Abbas a la capacité ou la volonté de s’engager afin de conclure un accord. Il discute des mêmes points depuis vingt-cinq ans. Aucun accord de paix n’a été conclu pendant cette période.»
La situation avec l'Iran complique encore un peu plus les choses
Le Hamas, très proche de l’Iran, fait partie des partenaires obligatoires pour parvenir à une paix durable dans ce conflit. En effet, les dernières confrontations armées opposent quasi-exclusivement l’armée israélienne au Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Le plan économique proposé par les États-Unis comprend d’ailleurs une petite partie des investissements, plus de 500 millions de dollars, à destination de l’enclave.
Cependant, au vu des tensions entre Washington et Téhéran, et quelle que soit la teneur du plan, difficile de prédire la réaction du Hamas, qui pourrait perdre un précieux allié s’ils acceptaient finalement le plan américain.