Une énième semaine décisive pour le Brexit s'ouvre ce lundi 7 octobre. Les discussions entre Européens et Britanniques reprennent à Bruxelles, alors que le plan présenté la semaine dernière par Boris Johnson pour sortir de l'impasse est encore loin de convaincre l'UE.
A 24 jours de la date butoir, David Frost, l'émissaire du Premier ministre britannique, a eu une première séance de travail ce lundi en fin de matinée avec les membres de l'équipe du négociateur de l'UE Michel Barnier, puis en aura une seconde dans le courant de l'après-midi. De son côté, le ministre britannique du Brexit, Stephen Barclay, continue de sillonner les capitales européennes jusqu'à mardi.
Quant à Boris Johnson, de nouvelles discussions avec des dirigeants européens sont prévues lundi, après que celui-ci s'est entretenu au cours du week-end avec ses homologues finlandais, néerlandais et portugais, ainsi qu'avec Emmanuel Macron. Le président français lui a déclaré dimanche au téléphone que «la négociation devait se poursuivre rapidement dans les prochains jours avec l'équipe de Michel Barnier, afin d'évaluer en fin de semaine prochaine si un accord est possible», selon l'Elysée. D'ici à ce dimanche 13 octobre, les discussions devraient donc battre leur plein.
Des propositions pas satisfaisantes pour l'UE
Pour l'instant, les propositions de Boris Johnson, présentées mercredi et destinées à remplacer le «backstop» (ou «filet de sécurité») à la frontière irlandaise par des arrangements alternatifs, ne recueillent pas l'assentiment de l'UE. Si le gouvernement britannique ne «revient pas avec de nouvelles propositions sur deux problèmes graves que nous leur avons signalés, je ne vois pas comment nous pourrions avancer», a ainsi averti Michel Barnier, samedi, lors d'un événement organisé par le journal Le Monde.
Les deux problèmes pointés par Bruxelles sont, d'une part, le droit de veto que Londres souhaite accorder à l'assemblée et à l'exécutif nord-irlandais au sujet de l'alignement réglementaire avec l'UE, et d'autre part le flou autour des propositions britanniques pour éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après le Brexit.
Le ministre britannique du Brexit s'est montré ouvert à un compromis sur la question du consentement de l'Irlande du Nord, et a appelé à «entrer dans les détails du fonctionnement opérationnel» des contrôles douaniers entre l'Irlande du Nord et la république d'Irlande, que Boris Johnson promet d'être «décentralisés» grâce à l'utilisation de technologies. Mais Londres met dans le même temps la pression sur Bruxelles, l'appelant à faire des concessions. «Le Royaume-Uni a fait une offre importante, mais il est temps que la Commission (européenne) montre une disposition au compromis. Sinon, le Royaume-Uni partira sans accord», a ainsi estimé une source au sein de Downing Street.
Boris Johnson exclut toujours un report
Boris Johnson a en effet répété dimanche à Emmanuel Macron qu'il n'y aurait pas de nouveau report du Brexit, déjà repoussé à deux reprises et désormais prévu le 31 octobre. Et ce, malgré une loi anti-«no deal» votée par le Parlement britannique début septembre, qui contraint le Premier ministre à demander un report de trois mois s'il ne trouve pas d'accord avec l'UE d'ici au 19 octobre. Selon certains médias britanniques, «BoJo» serait prêt à ignorer cette loi, malgré le risque de poursuites judiciaires. Il a déjà remporté une première victoire ce lundi, un juge écossais ayant rejeté la requête de militants anti-Brexit, qui souhaitaient forcer le locataire de Downing Street à solliciter un report du divorce.
En cas de motion de défiance adoptée par les députés contre le gouvernement, il se dit même que le dirigeant conservateur pourrait s'accrocher au pouvoir et mettre au défi la reine de le limoger, d'après le Times. Autre solution, moins radicale, évoquée par la presse, pour forcer un «no deal» le 31 octobre : le veto d'un pays de l'UE au report, qui doit être approuvé à l'unanimité des Etats membres. Selon le Telegraph, Boris Johnson compterait sur la Hongrie du populiste Viktor Orban pour bloquer une telle demande d'extension.