Après d'interminables négociations à Bruxelles, les dirigeants européens se sont finalement mis d'accord, mardi 2 juillet, pour désigner Ursula von der Leyen présidente de la Commission européenne. L'Allemande a été élue mardi de justesse par les eurodéputés présidente de la Commission européenne, devenant la première femme à la tête de l'exécutif européen. Portrait de la ministre allemande de la Défense, polyglotte et proche d'Angela Merkel.
Avec 383 voix, l'actuelle ministre allemande de la Défense, candidate choisie par les Etats membres, a obtenu légèrement plus que la majorité absolue de 374 voix au Parlement européen, qui lui était nécessaire pour succéder en novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Un début de carrière politique SUR LES CHAPEAUX DE ROUES
Médecin de formation, Ursula von der Leyen, 61 ans, est entrée dans le monde politique relativement tard. En 2002, alors qu'elle a 43 ans, elle se lance dans un mandat local dans la région de Hanovre.
Un an plus tard, elle est élue députée de Basse-Saxe puis nommée ministre de la Famille de la région. Il lui faudra seulement deux ans de plus pour entrer dans le gouvernement fédéral, au poste de ministre de la Famille toujours, après avoir été repérée par la nouvelle chancelière allemande Angela Merkel.
Proche d'Angela Merkel
Ursula von der Leyen s'est imposée comme une pièce maîtresse des gouvernements successifs d'Angela Merkel. La membre de la CDU - le même parti que la chancelière - est en effet la seule ministre ayant siégé dans tous les exécutifs dirigés par la dirigeante de droite depuis son arrivée au pouvoir en 2005.
D'abord en charge de la Famille, elle a ensuite pris le portefeuille du Travail en 2009, puis celui de la Défense en 2013. Un poste qu'elle occupe encore aujourd'hui. Un statut de petite protégée d'Angela Merkel qui lui a valu pendant un temps d'être considérée comme une successeure potentielle de la chancelière.
Impopulaire en Allemagne
Auparavant ministre la plus populaire des gouvernements Merkel, Ursula von der Leyen a vu son image se dégrader depuis son arrivée au poste de ministre de la Défense. En cause, une série de scandales qui ont éclaboussé son ministère. Sa gestion des effectifs et du matériel a notamment été épinglée dans plusieurs rapports, faisant état de sous-marins en panne, d’avions cloués au sol et d’un manque criant de personnel.
A cela s'ajoutent des soupçons de favoritisme et de corruption, à cause du recrutement de consultants externes sans appel d’offres par le ministère de la Défense, représentant plusieurs dizaines de millions d'euros de contrats. Ainsi, selon plusieurs sondages des médias allemands, elle est aujourd'hui l'une des ministres les plus impopulaires et est considérée comme l'une des moins compétentes.
elle parle français et anglais
Parmi les atouts qui ont sans doute aidé Ursula von der Leyen à être choisie pour prendre la tête de la Commission européenne, figure son polyglottisme. Outre l'Allemand, sa langue maternelle, celle-ci parle en effet parfaitement le français et l'anglais. Le résultat de son parcours personnel.
La politicienne de 60 ans est en effet née à Bruxelles, où son père était fonctionnaire européen (avant de devenir ministre-président CDU de la région de Basse-Saxe de 1976 à 2002), et y a passé les treize premières années de sa vie, suivant l'école en français. Quant à l'anglais, elle l'a perfectionné en Californie, où son mari a enseigné la médecine à la prestigieuse université de Stanford dans les années 1990.
Des mises en scène de sa grande famille dans les magazines
Dans un pays marqué par une faible natalité et où il reste difficile, pour une femme, de concilier vie privée et carrière professionnelle, Ursula von der Leyen, mère de sept enfants, fait figure d'ovni. Et elle ne cache rien de sa vie familiale. Elle a en effet plusieurs fois fait la une des magazines avec sa grande famille.
Comme en 2005, à son arrivée au ministère fédéral de la Famille, où elle a posé avec ses sept enfants, son mari, ses chevaux et ses chèvres, dans le jardin de la maison familiale près d'Hanovre. Une tendance à mettre en scène sa famille qui a été critiquée par certains, y voyant une tentative d'instrumentalisation de son clan.
Ursula von der Leyen y voit plutôt une façon d'asseoir ses idées, elle qui a porté plusieurs projets progressistes lorsqu'elle était ministre de la Famille, notamment le salaire parental dont peuvent maintenant bénéficier les Allemands pendant les quatorze mois suivant une naissance.