C'est l'heure de la rentrée pour les nouveaux députés européens. C'est en effet ce mardi 2 juillet que démarre à Strasbourg la session inaugurale du nouveau Parlement européen, issu des élections européennes de mai dernier. Le programme de ces prochains jours sera marqué par les nominations aux postes de pouvoir de l'hémicycle.
Le nouveau Parlement sera officiellement constitué ce mardi à 10h. Il sera composé dans un premier temps de 751 députés, mais leur nombre sera ramené à 705 une fois le Brexit mis en oeuvre (vraisemblablement d'ici au 31 octobre). En effet, à ce moment-là, les 73 eurodéputés britanniques quitteront l'hémicycle, et 27 députés (dont cinq Français) - élus lors des européennes mais dans l'attente du Brexit - feront le chemin inverse.
Un Parlement européen qui n'a jamais été aussi éclaté. Pour la première fois depuis l'instauration des élections européennes au suffrage universel, en 1979, les deux grands groupes politiques traditionnels - le PPE (centre-droit) et les socialistes (gauche) - n'ont pas la majorité dans l'hémicycle. Le scrutin 2019 a en effet été marqué par une poussée des libéraux centristes, des Verts, ainsi que des eurosceptiques. Ce qui va compliquer d'autant (et complique déjà) la recherche de majorités.
Une fois installés à leur siège, les députés éliront, mercredi 3 juillet au matin, le président du Parlement européen. Il occupera ce poste durant deux ans et demi, et sera ensuite remplacé par une autre personnalité pour la seconde moitié de la législature de cinq ans. Une élection qui se tiendra même en l'absence d'accord entre dirigeants européens sur les nominations aux postes-clés de l'UE.
Entamées dimanche, les négociations à ce sujet ont été suspendues ce lundi midi et reprendront mardi. «Nous élirons notre président le 3 juillet quel que soit le résultat» du sommet européen, a affirmé dimanche le président sortant du Parlement européen, l'Italien Antonio Tajani.
L'Allemand Manfred Weber pressenti à la tête du Parlement
Mais les dirigeants de l'UE veulent à tout prix éviter ce scénario, qui compliquerait encore davantage le choix du futur président de la Commission européenne, en raison d'équilibres politiques, géographiques et de sexe à trouver entre les différents postes de pouvoir de l'Union (présidents de la Commission, du Parlement, du Conseil, de la Banque centrale européenne et chef de la diplomatie européenne).
Un compromis serait sur la table, qui pourrait être entériné mardi, soit la veille de l'élection du président du Parlement. Il consisterait notamment à donner à l'Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE (centre-droit), la présidence du Parlement. Puis, au bout de deux ans et demi, le poste serait confié à un membre du groupe libéral-centriste «Renew Europe», peut-être le Belge Guy Verhofstadt.
Une fois le président du Parlement européen élu, les députés européens éliront leurs 14 vice-présidents (mercredi) et leurs cinq questeurs (jeudi), ces derniers étant chargés des questions administratives concernant les eurodéputés. Selon une source européenne, le poste convoité de premier vice-président pourrait être offert à la centriste danoise Margrethe Vestager, actuellement commissaire européenne à la Concurrence.
Les eurodéputés se pencheront également mercredi sur la composition de la vingtaine de commissions parlementaires (et sous-commissions) du Parlement européen, sortes de groupes de travail de l'institution. Mais leurs présidents ne seront désignés que lundi prochain, le 8 juillet, à Bruxelles. Le 26 juin dernier, les partis politiques européens se sont déjà mis d'accord sur l'attribution de ces postes, en fonction de la taille de chaque groupe.
Deux commissions aux mains des eurosceptiques ?
Première dans l'histoire du Parlement, deux présidences de commissions (Agriculture et Affaires juridiques) ont été données aux eurosceptiques, précisément au groupe Identité et démocratie (ID), fort de 73 députés et où siègent la Ligue de Matteo Salvini et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Mais rien n'est encore acté, les députés européens des autres formations pouvant en effet s'opposer à cette décision via le vote du 8 juillet. Par ailleurs, le groupe centriste «Renew Europe» a arraché la présidence de la commission Environnement, qui devrait être confiée à Pascal Canfin, numéro deux sur la liste La République en marche (LREM) lors des dernières européennes.
Enfin, jeudi, les eurodéputés rentreront dans le vif du sujet, en débattant pour la première fois. Il s'agira de discuter des conclusions des sommets européens du mois de juin, qui concernent notamment les problématiques liées au changement climatique, les campagnes de désinformation en période électorale et les relations extérieures, avec entre autres la Russie et la Turquie.
Mais les eurodéputés n'en auront pas encore fini avec les votes aux postes de pouvoir de l'Union. En cas d'accord entre les chefs d'Etat et de gouvernement sur un candidat à la présidence de la Commission européenne, le Parlement votera pour l'approuver ou non lors de la seconde session, du 15 au 18 juillet prochain.
Pour être élu, il lui faudra obtenir au moins 376 voix. C'est le Néerlandais Frans Timmermans, actuellement numéro deux de la Commission européenne, qui apparaît à l'heure actuelle le mieux placé pour occuper le poste.