La dépouille de John Chau, le missionnaire américain de 27 ans mort sous les flèches d'une tribu indienne isolée, pourrait ne jamais être rapatriée vers les Etats-Unis.
D'après Survival International, une ONG de défense des droits des peuples indigènes, les dangers sont en effet beaucoup trop grands, à la fois pour la tribu et pour les autorités indiennes, si une tentative de récupération du corps du missionnaire chrétien était organisée.
Le 16 novembre dernier, John Chau, après avoir soudoyé des pêcheurs, avait ainsi péri en tentant d'entrer illégalement en contact avec le peuple de chasseurs-cueilleurs des Sentinelles, qui compterait 150 âmes, et à qui il comptait «apporter Jésus».
La tribu vit en autarcie depuis des siècles sur la petite île de North Sentinel, située dans la mer d'Andaman, où l'État indien interdit à quiconque d'y débarquer.
Car, ces dernières années, toutes les tentatives de contact de la part du monde extérieur se sont heurtées à un rejet violent de la part du groupe.
Un risque d'épidémie
Par ailleurs, Stephen Corry, directeur de Survival International, pointe un autre risque : celui des maladies qui pourraient contaminer les Sentinelles.
La communauté, ayant vécu pendant des siècles retirée du monde, n'est en effet par immunisée contre des pathologies bénignes et une simple grippe peut les tuer.
«Le risque d'épidémie mortelle de maladies extérieures est bien réel et augmente à chaque contact», indique-t-il.
Dans ces conditions, ajoute-t-il, «le corps de John doit rester là où il est, c'est-à-dire seul sur le rivage, où il a depuis été enterré, «comme les Sentinelles, qui doivent, eux aussi, restés seuls».
Une façon, peut-être, aussi de décourager quiconque se risquerait à vouloir entrer en contact coûte que coûte avec le peuple indigène, malgré les risques.
«C'était une aventure complètement folle», résume de son côté P.C. Joshi, professeur d'anthropologie à l'université de Delhi, pour qui «Chau a provoqué son agression».
Un avis que ne partage pas cependant Mat Staver, fondateur et président de Covenant Journey, un programme qui propose aux étudiants d'étudier la théologie en Israël, et auquel le jeune missionnaire a participé en 2015.
«John n'est pas allé là-bas uniquement pour l'aventure. Il souhaitait depuis le lycée aller à North Sentinel pour partager le christianisme avec ses habitants. Je n'ai aucun doute que c'était pour leur apporter sincèrement l'évangile de Jésus», a-t-il affirmé.
En attendant, la police indienne a indiqué qu'elle continuait de consulter des anthropologues, des spécialistes du bien-être tribal et d'autres experts afin de trouver un moyen de récupérer sa dépouille. Sans grands espoirs toutefois.