Les électeurs américains sont appelés aux urnes ce mardi 6 novembre, pour les élections législatives de mi-mandat, les «midterms». Si jamais les Républicains perdaient la majorité dans l'une des deux chambres du Congrès, des enquêtes judiciaires pourraient être ouvertes contre Donald Trump, estime la politologue spécialiste des Etats-Unis Nicole Bacharan.
Que disent les derniers sondages sur les résultats des midterms ?
On est toujours très méfiants vis-à-vis des sondages, notamment depuis l'élection présidentielle de 2016 et la victoire de Donald Trump face à Hillary Clinton. Pour ces midterms, une petite victoire démocrate à la Chambre des représentants est annoncée.
Au Sénat, il y a peu de chances que les Démocrates ravissent la majorité aux Républicains. Pour gagner, ils ont besoin de limiter leurs pertes à un seul siège. Sauf qu'il y a un ou deux Démocrates en difficulté, notamment au Texas, où l'un des candidats a beaucoup de retard dans les sondages, même s'il a gagné des points récemment.
Pourquoi ces élections sont-elles si importantes pour Donald Trump ?
Le président américain a mis l'accent sur le fait que ce scrutin était un référendum pour ou contre lui. En effet, si son parti, les Républicains, perd la majorité au Congrès (dans l'une des deux chambres ou même les deux), il y a plus de risques pour lui que pour un président habituel. D'habitude, il y a seulement le risque de blocage du programme législatif. Avec Donald Trump, il faut y ajouter celui des enquêtes judiciaires de toutes sortes, sachant que la Chambre des représentants a des pouvoirs d'investigation très larges.
En cas de perte de la majorité républicaine dans cette chambre, on sait qu'il y aura des enquêtes lancées sur la question du lien entre Trump et la Russie, sur les accusations d'obstruction à la justice, d'abus de pouvoir, voire de corruption et de conflits d'intérêts. Avec une Chambre des représentants démocrate, ce qui devrait arriver selon les derniers sondages, la deuxième partie du mandat de Donald Trump risque d'être très perturbée par les enquêtes judiciaires.
Le parti démocrate arrive-t-il à ces élections dans les meilleures conditions ?
Le parti démocrate est aujourd'hui divisé, entre d'un côté les héritiers de Hillary Clinton et Barack Obama, et de l'autre les enfants de Bernie Sanders, à l'idéologie beaucoup plus sociale. On remarque que Barack Obama est très présent dans cette campagne des midterms, ce qui prouve qu'il n'y a pas de grande figure qui s'impose dans son camp. Ce n'est pas faute de candidats potentiels. 20 ou 30 sont dans les starting-blocks, apparaissent peu à peu dans les sondages, et commencent à rassembler des équipes auour d'eux. Mais il n'y a pas quelqu'un dont on dit : «Ça pourrait être lui ou elle.»
Ce n'est pas rare. Bill Clinton apparaissait à peine dans les sondages deux ans avant l'élection présidentielle de 1992 qu'il a remportée. Deux ans avant sa victoire en 2008, Barack Obama n'était lui non plus pas du tout favori. Ce qui est inédit en revanche, c'est la violence du rejet de Trump dans le camp démocrate. Et puis la défaite d'Hillary Clinton en 2016 s'est passée d'une manière si particulière que le parti ne s'en est pas encore relevé.
Attentat dans la synagogue de Pittsburgh, colis piégés envoyés à des personnalités démocrates... Ce contexte tendu peut-il avoir une influence sur l'élection ?
On ne sait pas quel camp va être le plus motivé par ces affaires de terrorisme intérieur : les opposants de Trump, qui voient en lui quelqu'un qui attise toutes les haines et les ressentiments racistes au point que certains décident de passer à l'acte, ou les supporters du président, qui pensent être dans l'insécurité et qui voient en Trump la seule personne qui peut les protéger ? Ce contexte accroît la tension, tout comme la participation, mais on est incapable de dire quel camp cela va renforcer.