Le républicain Ron DeSantis a officialisé mercredi 24 mai, lors d'un échange avec Elon Musk sur Twitter, sa candidature pour l'investiture républicaine à l'élection présidentielle de 2024. Le gouverneur de Floride devient le principal rival de l'ancien président Donald Trump, déjà candidat.
un gouverneur qui séduit les conservateurs
Né dans une famille de la classe moyenne aux origines italiennes, Ron DeSantis est diplômé de la prestigieuse université de Yale - où il s'est aussi illustré dans l'équipe de baseball - et de l'exigeante Harvard Law School. Il a exercé le droit dans l'armée, faisant office de conseiller sur la base de Guantanamo et auprès de troupes d'élite en Irak. Anti-IVG, il se positionne rapidement comme un conservateur pur et dur.
En 2011, il publie «Les rêves de nos pères fondateurs» en référence à l'autobiographie de Barack Obama, «Les rêves de mon père». Ron DeSantis reproche au président démocrate d'avoir rompu, à cause de sa politique «progressiste», avec la Constitution.
En 2012, Ron DeSantis remporte un siège à la Chambre des représentants, auquel il sera réélu deux fois. En 2018, encore quasiment inconnu, il devient gouverneur de Floride avec une mince majorité après avoir multiplié les signes d'allégeance à Donald Trump. Opposé aux restrictions sanitaires durant la pandémie de Covid-19, il se démarque des démocrates en luttant pour la «réouverture économique» de son Etat.
Ce père de trois enfants change de dimension lors des élections de mi-mandat de novembre 2022. Alors que les républicains réalisent une performance décevante, lui est largement réélu en Floride (59%). Face à la déconvenue des candidats cornaqués par Donald Trump, il apparaît comme l'étoile montante du conservatisme américain.
Murdoch’s NYPost goes with: DeFUTURE pic.twitter.com/MywWHRbrFL
— Alex Thompson (@AlexThomp) November 9, 2022
La presse conservatrice, comme le journal New York Post ou la chaîne Fox News du groupe Murdoch, voient en lui un nouveau leader.
un pourfendeur du wokisme
Ron DeSantis fait régulièrement la une des médias américains grâce à ses coups d'éclats ultra-conservateurs. Au nom de la protection des enfants, il a promulgué une loi controversée surnommée «Don't say gay» («Ne parlez pas des gays»), qui contraint fortement voire empêche l'enseignement à l'école de sujets liés à l'orientation sexuelle et au genre. Il a aussi mis un terme aux programmes sur la diversité dans les campus publics, expliquant que l'université devait se concentrer sur sa «mission classique».
Pourfendeur de la «bien-pensance», le gouverneur de Floride s'est lancé dans un bras-de-fer avec Disney, qui avait pris position contre la loi «Don't say gay». En février, il a ainsi supprimé le statut spécial dont bénéficiait Disney dans son Etat depuis les années 1960. «Aujourd'hui, le juteux business du royaume enchanté touche enfin à sa fin», avait-il lancé, avant d'évoquer la construction d'une prison près de Disney World ou de nouvelles taxes sur les hôtels du site. Le géant du divertissement a répliqué en portant plainte, estimant qu'il s'agissait d'une «vengeance ciblée» à son encontre pour le punir d'avoir exercé sa «liberté d'expression».
Habitué des provocations, Ron DeSantis avait aussi créé la polémique l'an dernier en promettant d'expulser des migrants vers l'île de Martha's Vineyard, lieu de résidence huppé situé dans l'Etat démocrate du Massachusetts.
un rival de poids pour Donald Trump
Ancien protégé de Donald Trump, Ron DeSantis est le plus farouche rival du milliardaire pour l'investiture républicaine à l'élection présidentielle de 2024. Conservateur «à l'ancienne», se présentant dans les médias comme un bon père de famille, Ron DeSantis pourrait séduire des électeurs républicains fatigués des excès et des affaires judiciaires de Donald Trump.
Les relations entre les deux hommes sont plus tendues que jamais, Donald Trump interprétant la candidature de son ex-poulain comme une trahison. L'ancien président n'a pas attendu l'officialisation de la candidature de Ron DeSantis pour s'en prendre à lui. Jugé lisse et sans charisme par ses détracteurs, le très catholique DeSantis s'est vu affublé du surnom de Ron-la-Morale («Ron DeSanctimonius»).
S'il a gagné en popularité depuis son arrivée à la tête de la Floride, Ron DeSantis accuse un sérieux retard face à Donald Trump, selon de nombreuses enquêtes d'opinion. Des sondages qui doivent être pris avec des pincettes, tant le scrutin est encore loin, mais que Donald Trump s'est empressé de partager sur son réseau social mardi, dès les premières rumeurs de l'annonce de Ron DeSantis.