La police sud-africaine a émis une «alerte rouge», afin d'empêcher Grace Mugabe, la première dame du Zimbabwe, de quitter le pays.
Lundi 14 août, le mannequin Gabriella Engels avait déposé plainte contre Grace Mugabe, épouse du président Robert Mugabe. La femme de 20 ans accuse la Première dame de l’avoir agressée physiquement la veille au soir.
Une agression floue
La victime a expliqué qu’elle s’était rendue dimanche soir dans un hôtel de Johannesburg (Afrique du Sud) pour rendre visite aux deux fils du président du Zimbabwe, Bellarmine Chatunga Mugabe et Robert Mugabe Junior. C’est alors que leur mère, âgée de 52 ans, aurait commencé à frapper le mannequin au front à l’aide d’une rallonge électrique, pendant que les fils auraient fui la pièce.
Une version qui n’a pas encore été confirmée, et sur laquelle plusieurs points flous demeurent. C’est le cas par exemple du motif de l’altercation, dans la mesure où Gabriella Engels a affirmé sur les réseaux sociaux n’avoir aucun lien particulier avec les fils du président zimbabwéen. Une enquête pour coups et blessures a été ouverte à l’encontre de Grace Mugabe afin d’éclaircir ces zones d’ombres, a annoncé le ministère sud-africain de la Police.
Problème d’immunité
Grace Mugabe, qui ne s’est rendue ni à la police ni au tribunal, tente de faire valoir son immunité diplomatique, désormais requise par le Zimbabwe. Mais cette immunité ne peut s’appliquer lorsque la visite dans le pays est d’ordre privé, ce qui semble être le cas de Grace Mugabe. Plusieurs médias zimbabwéens ont en effet relayé que la Première dame était en Afrique du Sud pour se faire soigner une blessure au pied, une explication tout à fait probable étant donné la vétusté des services de santé au Zimbabwe.
Pour le moment, l’immunité diplomatique en est donc au stade de la négociation, entre les autorités zimbabwéennes et l’équipe juridique de Grace Mugabe. Elle ne pourra pas être arrêtée tant que le ministère des Affaires étrangères ne se sera pas prononcé clairement sur la question.
Un ex-procureur star rejoint le dossier
La famille de la plaignante compte bien au bout de la procédure, ne serait-ce que pour obtenir réparation du préjudice. «J’ai le front ouvert. Je suis mannequin et c’est grâce à mon physique que je gagne de l’argent», s’est justifiée Gabriella Engels. Pour mettre toutes les chances de son côté, le camp de la victime s’est rapproché de Gerrie Nel, un ténor du barreau qui avait obtenu la condamnation pour meurtre d’Oscar Pistorius en 2015, et qui travaille désormais avec l’ONG AfriForum.
Le président de l’ONG, Kallie Kriel, a affirmé que la police allait « demander un mandat d’arrêt » contre Grace Mugabe. «Gabriella a été agressée violemment par une personne qui se croit intouchable. Elle n’est pas intouchable», a-t-il tempêté.
Contre l’impunité des plus puissants
Pourtant, la Première dame zimbabwéenne s’en est plutôt bien tiré jusqu’ici, malgré ses antécédents. En 2009, le Times avait révélé une autre agression de sa part. En session shopping à Hong-Kong avec sa fille Bona, avait ordonné à son garde du corps de s’en prendre à un photographe du Sunday Times, Richard Jones. Elle s’est ensuite joint à l’attaque, frappant le reporter au visage sans avoir pris la peine d’enlever ses bagues incrustées de diamants. Elle avait alors obtenu l’immunité en raison de son rôle de Première dame.
Plus que l’avenir relationnel des deux pays voisins, l’enjeu de cette affaire est en train de devenir l’impunité des puissants. «Les citoyens étrangers doivent comprendre qu’ils ont des responsabilités, surtout ceux qui ont des passeports diplomatiques. Je ne peux pas me rendre au Zimbabwe, tabasser quelqu’un et attendre que l’affaire disparaisse», a martelé le ministre sud-africain de la police, Fikile Mbalula, décidé à ce qu’il y ait des conséquences à l’agression.