Une mesure ahurissante. Les autorités du Zimbabwe ont rappelé mardi que «la fabrication, la vente et l'utilisation du drapeau national sans autorisation officielle» pouvait valoir un an de prison et une amende de 200 dollars, soit 180 euros, aux contrevenants
Le régime autoritaire de Robert Mugabe réagit ainsi de manière grotesque aux mouvements d'opposition qui se multiplient. Le drapeau national est devenu un symbole de la contestation au Zimbabwe depuis qu’un pasteur, Evan Mawarire, chef de file de nombreux opposants, a publié en avril une vidéo, le drapeau enroulé à son cou, pour critiquer la politique économique du pays.
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Depuis, le mouvement de protestation «#ThisFlag» est né sur les réseaux sociaux et les opposants au président Robert Mugabe, qui est depuis trente-six ans au pouvoir, multiplient les manifestations avec ce symbole patriotique. En août dernier, par exemple, des centaines de personnes ont agité le drapeau du Zimbabwe et chanté l'hymne national pour protester contre le gouvernement lors d'un match international de cricket.
Les ventes explosent
Déployer le drapeau en guise de contestation est devenu quotidien et les ventes explosent. «Les membres du public qui participent à toute action avec le drapeau national ou discréditent le drapeau national risquent des poursuites judiciaires», a laconiquement déclaré la ministre de la Justice, Virginia Mabhiza, dans un communiqué, après plusieurs interventions médiatiques où elle mettaient en garde les opposants.
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De nombreux Zimbabwéens s'opposent à l'introduction de «billets d'obligation», une devise locale lancée en mai, à parité avec le dollar américain qui fait craindre un retour de l'hyperinflation qui avait détruit l'économie du pays en 2008. Sans compter que le gouvernement a maintes fois retardé le paiement de ses fonctionnaires et annoncé cette semaine que les soldats seraient payés en priorité.
Robert Mugabe, 92 ans, dirige d'une main de fer le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980. Il commence néanmoins à connaître des défections dans son propre camp. Le pasteur Evan Mawarire, réfugié aux États-Unis, a déclaré que son groupe continuerait à utiliser le drapeau : «c’est une folie totale que le gouvernement interdisent aux citoyens d'utiliser leur propre drapeau». Une de plus.