Le régime syrien de Bachar al-Assad préparerait une nouvelle attaque chimique, ont annoncé lundi soir les États-Unis, qui se sont dits prêts à riposter comme ils l'avaient fait après une attaque similaire début avril, dans un contexte de tensions grandissantes entre les deux pays.
«Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d'une autre attaque chimique par le régime syrien d'Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris des enfants innocents», a écrit le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer dans un communiqué. Ces activités «sont similaires aux préparatifs du régime avant son attaque à l'arme chimique du 4 avril», a noté le représentant de l'exécutif américain.
Cette attaque avait provoqué une riposte militaire des États-Unis, qui avaient tiré 59 missiles contre une base aérienne en Syrie, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas. Si le président syrien lançait une autre attaque à l'arme chimique «lui et son armée paieraient le prix fort», a prévenu Sean Spicer.
La mise en garde de Haley
«Toute nouvelle attaque lancée à l'encontre de la population syrienne sera attribuée à Assad, mais également à la Russie et à l'Iran qui l'ont aidé à tuer son propre peuple», a pour sa part prévenu, lundi soir, dans un tweet, Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU.
Any further attacks done to the people of Syria will be blamed on Assad, but also on Russia & Iran who support him killing his own people.
— Nikki Haley (@nikkihaley) 27 juin 2017
L'attaque chimique présumée du 4 avril à Khan Cheikhoun, dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest) avait fait 88 morts, dont 31 enfants, provoquant l'indignation de nombreuses capitales qui mettent en cause le régime de Bachar al-Assad.
Ce raid était, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la deuxième «attaque chimique» la plus meurtrière depuis le début du conflit en 2011 après celle au gaz sarin qui avait fait plus de 1.400 morts dans la banlieue de Damas en 2013. Damas et Moscou réfutent les accusations occidentales.
Les soupçons de Washington
Bachar al-Assad a assuré à plusieurs reprises avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques, conformément à un accord mis au point sous les auspices de la Russie pour éviter les menaces croissantes d'une action militaire américaine. Mais le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a déclaré n'avoir «aucun doute» sur le fait que Damas a conservé des armes chimiques. Selon une étude militaire israélienne, Bachar al-Assad dispose encore de «quelques tonnes» d'armes chimiques.
Le président américain Donald Trump avait fait part de son émotion après l'attaque du 4 avril notamment en raison du nombre élevé d'enfants tués.
Poussée de fièvre
Les États-Unis avaient riposté dans la nuit du 6 au 7 avril, en tirant 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d'Al-Chaayrate, près de Homs (centre). Sean Spicer a tenu à rappeler dans son communiqué lundi que l'objectif des États-Unis en Syrie est uniquement de lutter contre le groupe État islamique et pas de lancer une guerre contre le régime d'Assad.
Les États-Unis sont officiellement présents en Syrie pour conseiller et pour armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre le groupe État islamique. Mais cette mise en garde a lieu dans un contexte de poussée de fièvre entre le régime syrien et les forces soutenues par les États-Unis dans le pays, qui fait planer le spectre d'une confrontation militaire avec le régime de Damas.
Détérioration des relations Russie-USA
Les États-Unis ont ainsi abattu le 18 juin un avion syrien dans l'est de la Syrie, expliquant que l'appareil menaçait des FDS alliées de la coalition. Et à trois reprises au moins depuis le début mai dans la région d'Al-Tanaf, près de la frontière avec l'Irak et la Jordanie, les forces américaines ont bombardé des forces pro-régime qui menaçaient des soldats de la coalition.
Ces tensions ont par ricochet détérioré les relations avec la Russie, alliée du régime syrien, qui avait dénoncé comme un «acte d'agression» la destruction de l'avion syrien, reprochant à Washington de ne pas l'avoir prévenue.