Les ministres de l'Environnement des pays du G7 se retrouvent dimanche et lundi à Bologne (centre-nord de l'Italie), où l'Américain Scott Pruitt devrait faire face à un front commun dix jours après l'annonce de la sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris.
Alors que la question du climat a brisé fin mai l'unité du G7 pour la première fois de son histoire lors du sommet des dirigeants à Taormina (Sicile), avec un Donald Trump résolu à jouer sa propre partition, elle devrait aussi être évoquée dans les rues du centre-ville, où une manifestation est prévue dans l'après-midi.
«Nous nous attendons à une bonne participation. Avec la décision de Trump, il y a un grand mécontentement et un nouveau débat qui s'est ouvert», a déclaré à l'AFP Giacomo Cossu, l'un des organisateurs du rassemblement.
Du côté des ministres, qui seront réunis dans un hôtel à la périphérie, l'accord de Paris sera également au centre des rencontres bilatérales et des tables rondes, et il s'agira de voir si les Etats-Unis ont «plus de choses concrètes» à proposer, a expliqué à l'AFP un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks.
Alors que la chancelière allemande Angela Merkel s'est montrée particulièrement ferme contre l'administration Trump ces dernières semaines, Mme Hendricks entend s'entretenir personnellement avec M. Pruitt à Bologne.
Le ministre japonais, Koichi Yamamoto, n'a pas non plus l'intention de baisser les bras : «Jusqu'à présent, il n'y a eu qu'une annonce de retrait américain (de l'accord) mais cela ne s'est pas encore matérialisé. Alors nous allons continuer d'essayer de les convaincre», a-t-il expliqué la semaine dernière à la presse.
La partie s'annonce difficile : Scott Pruitt, choix controversé de M. Trump pour diriger l'Agence de protection de l'environnement (EPA), a été l'un des partisans les plus fervents de la sortie de l'accord, qu'il juge «mauvais» pour les Etats-Unis.
Avant d'occuper ce poste, il a lutté pendant des années au niveau local, dans l'Oklahoma, contre de nombreuses initiatives environnementales, main dans la main avec l'industrie pétrolière dont il était de facto l'un des lobbyistes les plus efficaces.
Hulot pas sur la photo
Cet activisme l'opposait alors à ceux qui sont devenus ses subordonnés, en particulier les nombreux scientifiques de l'EPA spécialisés dans le climat, que le président français Emmanuel Macron a invités ces derniers jours à venir si besoin mener leurs recherches en France.
Dans ces conditions, même le traditionnel communiqué final est remis en question. Selon l'entourage du ministre français, Nicolas Hulot, la position américaine n'est pas encore connue.
La délégation menée par M. Pruitt peut se contenter d'émettre des réserves sur certains points de la déclaration qu'ils refuseraient d'endosser. Ils peuvent aussi tout bloquer de manière frontale, ce qui serait une première, auquel cas le communiqué final émanerait uniquement de la présidence italienne.
Malgré tout, politiciens et experts assurent que la rhétorique de M. Trump ne changera pas la donne. «Le monde est déjà en train de tourner le dos au carbone», a assuré M. Yamamoto, tandis que l'Allemagne et la Californie ont convenu samedi d'oeuvrer ensemble pour maintenir les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
Coté français, cette réunion ministérielle constituera une première sortie sur la scène internationale pour M. Hulot dans ses habits de ministre.
Mais en raison des élections législatives qui le retiendront en France dimanche, il ne sera même pas sur la photo de famille prévue dans la matinée. Il doit arriver lundi, quand son homologue allemande sera déjà repartie ...
Les débats doivent s'ouvrir dimanche à 08h30 (06h30 GMT) pour une journée et demie de tables rondes à huis clos sur le changement climatique, le développement durable, les finances durables, la fiscalité écologique, l'utilisation efficace des ressources ou encore les déchets marins.
Pour l'occasion, l'Italie a invité les ministres de quatre pays particulièrement engagés dans la protection de l'environnement et chargés de représenter les pays émergents : le Chili, les Maldives, l'Ethiopie et le Rwanda.