Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a présenté mercredi un rapport des services de renseignement français incriminant le régime de Damas dans l'attaque au gaz sarin contre la localité de Khan Cheikhoun le 4 avril, qui a fait 87 morts.
«Le recours au sarin ne fait aucun doute. La responsabilité du régime syrien ne fait pas de doute non plus, compte tenu du procédé de fabrication du sarin utilisé», a déclaré Jean-Marc Ayrault à l'issue d'un Conseil de Défense, au cours duquel il a présenté ce rapport des services de renseignement français. Ce rapport, effectué sur la base de prélèvements et d'analyses effectués par les services français, permet d'établir, «de source certaine, que le procédé de fabrication du sarin prélevé est typique de la méthode développée dans les laboratoires syriens. Cette méthode porte la signature du régime et c'est ce qui nous permet d'établir sa responsabilité dans cette attaque», a déclaré Jean-Marc Ayrault.
L'attaque perpétrée le 4 avril contre la localité de Khan Cheikhoun, en zone rebelle, a fait 87 morts, dont 31 enfants, et a entraîné des frappes de représailles américaines le 7 avril sur une base aérienne du régime de Damas. L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avait conclu le 19 avril que l'utilisation de sarin dans l'attaque de Khan Cheikhoun était «irréfutable». Les Etats-Unis, le Royaume Uni, la Turquie et la France sont parvenus aux mêmes conclusions.
Le mode de fabrication en question
Mais Paris, qui a transmis son rapport à ses partenaires, conclut à la responsabilité du régime en s'appuyant sur le mode de fabrication du gaz sarin utilisé, et en le comparant avec des prélèvements d'une attaque de 2013 imputée au régime à Saraqeb. La France avait récupéré une munition non explosée après cette attaque et en avait analysé le contenu, explique une source diplomatique.
«Nous sommes en mesure de confirmer que le sarin employé le 4 avril est le même sarin que celui qui a été employé dans une attaque intervenue à Saraqeb le 29 avril 2013», a déclaré Jean-Marc Ayrault. Dans les deux cas, de l'hexamine, un stabilisant, a été retrouvé. «Ce procédé de fabrication est celui développé par le CERS au profit du régime syrien», indique le résumé du rapport, contenant des éléments déclassifiés.
Le Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (CERS) est dans le viseur des pays occidentaux qui accusent Damas de ne pas avoir totalement démantelé son arsenal chimique, comme il y est contraint depuis un accord russo-américain en 2013.