Les forces irakiennes ont pénétré, jeudi 23 février, dans l'aéroport désaffecté de Mossoul (nord de l'Irak), pour la première fois depuis la prise par les jihadistes de Daesh de la deuxième ville d'Irak en 2014.
Appuyées par des avions, des drones et des hélicoptères, elles ont déclenché l'assaut jeudi contre l'aéroport de Mossoul situé à la périphérie sud-ouest de la ville, sans rencontrer de forte résistance des jihadistes. Sami al-Aridhi, lieutenant au sein des unités d'élite du contre-terrorisme (CTS), a également affirmé que ses hommes avaient repris vendredi une base militaire et un village au sud-ouest de Mossoul et pénétré dans un quartier résidentiel de la deuxième ville d'Irak, dont Daesch s'était emparé en 2014.
Cette avancée intervient au cinquième jour de la seconde phase de leur offensive, lancée dimanche, pour reprendre la partie occidentale de Mossoul après avoir chassé les islamistes de l'est de son dernier grand fief en Irak.
«Nous sommes dans l'aéroport, en face du terminal. Nos troupes sont en train de le libérer», a annoncé Hicham Abdel Kazem, commandant d'un régiment des Forces d'intervention rapide (FIR).
A l'aide de pelleteuses, des équipes nettoyaient le site, dont la piste d'atterrissage très endommagée et recouverte de gravats, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Cet aéroport est désaffecté depuis que Daesch a chassé l'armée de Mossoul et de sa région en juin 2014, lors d'une offensive éclair qui lui avait ensuite permis de proclamer un «califat» à cheval sur l'Irak et la Syrie, où le groupe ultraradical occupe de vastes régions.
«Les terroristes ont commencé à détruire les bâtiments après le début de l'opération» des forces irakiennes pour la reprise de Mossoul le 17 octobre, assure le général Abbas al-Joubouri.
Américains sur le front
Des hélicoptères ont également ciblé une usine sucrière adjacente. «Ils visent de possibles voitures piégées de Daesch», explique un soldat alors qu'une grande fumée noire s'élève dans le ciel.
Les jihadistes contrôlent encore une partie occidentale, dont la vieille ville, où ils seraient deux mille selon des estimations du renseignement américain. Encerclés de tous les côtés, ils devraient vendre chèrement leur peau en menant des attentats-suicides, la hantise des soldats irakiens.
«On a vu des enfants poussés dans une VBIED (camions ou voitures blindées, bourrés d'explosifs et conduits par un kamikaze) comme chauffeur, des gens incapables de marcher... Je ne sais pas s'ils ont signé pour la mission», a assuré le général américain Matt Isler.
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L'avancée des forces irakiennes est soutenue par des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par Washington et par des conseillers militaires américains présents sur la ligne de front.
Ces militaires américains ont «essuyé des tirs en différentes occasions» et «ont riposté dans et autour de Mossoul», a indiqué le colonel John Dorrian, porte-parole de la coalition.
D'après un responsable cité anonymement par CNN, plusieurs soldats blessés ont été évacués.
Le commandement régional, qui coordonne l'opération, a annoncé que les forces d'élite irakiennes du contre-terrorisme avaient pénétré sur la base militaire de Ghazlani, voisine de l'aéroport.
750.000 habitants
Cette nouvelle avancée intervient un mois après la reprise de la partie orientale de la ville.
Ces derniers jours, les forces irakiennes avaient consolidé leurs positions et repris plusieurs zones en avançant vers l'ouest de Mossoul, permettant à des centaines de civils de fuir.
La bataille s'annonce comme l'une des plus meurtrières de la guerre contre l'EI. L'ONU et les ONG s'inquiètent pour les 750.000 habitants de Mossoul-Ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus difficiles dans cette zone désormais coupée de l'extérieur et privée d'approvisionnement.
Selon des sources médicales et des habitants de Mossoul-Ouest, certains commencent à mourir de malnutrition et du manque de médicaments.
La perte de Mossoul représenterait un terrible revers pour l'organisation terroriste, qui ne cesse de reculer en Irak comme en Syrie, où il a perdu jeudi le contrôle de la ville d'Al-Bab, dont les rebelles ont annoncé la reprise. Mais le groupe extrémiste parvient toujours à frapper avec des attentats meurtriers. Vendredi 24 février, en Syrie, quarante-deux personnes ont péri près d'Al-Bab dans une explosion suicide qui porte la marque de l'EI et en Irak, quinze gardes-frontières sont morts dans une attaque près de la frontière jordanienne, attribuée à l'organisation jihadiste.