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Assad félicite les Syriens pour la «libération» d'Alep

Le président syrien Bachar al-Assad, sur une photo publiée le 8 décembre 2016 par l'agence officielle syrienne SANA [HO / SANA/AFP/Archives] Le président syrien Bachar al-Assad, sur une photo publiée le 8 décembre 2016 par l'agence officielle syrienne SANA [HO / SANA/AFP/Archives]

Le président syrien Bachar al-Assad, voué aux gémonies par l'Occident et les pays arabes du Golfe, a déjoué tous les pronostics sur sa chute grâce à sa conviction d'être indéboulonnable, mais surtout au soutien indéfectible des Russes et des Iraniens, estiment les analystes.

M. Assad a crié victoire jeudi en félicitant, dans une courte vidéo, les Syriens pour la «libération» en cours d'Alep, le succès le plus important face aux rebelles depuis le début de la guerre en 2011. 

   

«Pour Assad, cela a toujours été un combat à la vie et à la mort. Il n'a jamais été question pour lui d'arrêter la guerre. C'est soit la victoire, soit la défaite», affirme l'ex-diplomate néerlandais, Nikolaos van Dam, un expert de la Syrie. «Le régime possède un demi-siècle d'expérience sur comment rester au pouvoir. Il a le soutien de l'armée et des services de sécurité», assure l'auteur de «La lutte pour le pouvoir en Syrie».

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En s'appuyant sur une armée saignée à blanc par près de six ans de guerre mais toujours fidèle, sur des services de renseignements qui lui sont acquis et une partie de la population effrayée par les jihadistes, M. Assad a fait face à une opposition divisée, dont les parrains n'ont à aucun moment voulu s'impliquer militairement à ses côtés. Dans ce contexte, «le soutien populaire n'est pas décisif» et vient entre autres des minorités qui se sentent menacées par les islamistes et les jihadistes, comme les chrétiens ou la communauté alaouite dont est issu M. Assad, selon M. van Dam.

Forte confiance en soi

Arrivé au pouvoir en 2000 après la mort de son père Hafez al-Assad, qui avait dirigé la pays d'une main de fer pendant 30 ans, Bachar al-Assad, 51 ans, a été pris de court par la révolte en mars 2011, dans le sillage du Printemps arabe. Il a rapidement choisi la voie de la répression sanglante en présentant ses opposants comme des jihadistes et le soulèvement comme un complot des Etats-Unis et d'Israël contre «l'axe de la résistance», dont il se targue d'être le représentant.

Mais ce qui lui a permis de l'emporter, c'est sa conviction qu'il allait gagner, selon les experts. «Les conseillers d'Assad ont répété depuis le début qu'ils étaient confiants dans le succès, tant que l'aviation américaine ne bombardait pas Damas et que les Etats-Unis ne s'impliquaient pas directement dans la guerre», note Joshua Landis, directeur du Centre d'études pour le Moyen-Orient, à l'Université d'Oklahoma.

Même au pire moment, quand son armée a été chassée en mars 2015 de la province d'Idleb par une coalition de jihadistes et de rebelles, «les conseillers d'Assad ont toujours présenté les défaites comme limitées. Ils ont toujours été animés par une forte confiance dans leur victoire finale», explique-t-il. En outre, M. Assad a su, comme son père, se montrer patient et attendre son heure.

Alliance solide avec Moscou

«Il a été à l'école de son père et cette école a toujours su maîtriser le facteur temps et de fait faire tourner le vent défavorable en un vent favorable», estime Waddah Abed Rabbo, rédacteur en chef du quotidien proche du pouvoir al-Watan. Mais la clé de sa victoire, c'est la solidité de ses alliances, contrairement à celles de ses adversaires. «Il n'a jamais douté de la victoire car il savait que son pays avait noué depuis des décennies une alliance solide et stratégique avec la Russie, l’Iran et d'autres», ajoute-t-il.

Les relations avec Moscou et Téhéran ont plus de 40 ans d'âge. Elles datent de l'époque de l'Union soviétique et de la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 1980. C'est «une relation ancienne fondée sur une convergence d'intérêts matériels, stratégiques, idéologiques, des intérêts qui sont toujours valides aujourd'hui», note Souhail Belhadj, politologue à l'Institut des hautes études internationales et du développement à Genève. «Et le régime syrien s'est montré un allié fiable militairement, stratégiquement, politiquement, idéologiquement et économiquement depuis le temps que dure cette alliance», ajoute-t-il.

La faiblesse des ennemis

A l'inverse l'opposition a perdu progressivement ses soutiens. «La faiblesse des ennemis d'Assad est venue en grande partie du soutien insuffisant des 'Amis' de l'opposition», estime M. van Dam. Les «Amis du peuple syrien» se sont constitués en février 2012 comme appui à l'opposition au moment où elle avait le vent en poupe. Onze pays arabes et occidentaux ont ensuite reconnu la Coalition de l'opposition comme le seul représentant légitime des Syriens. M. Assad se trouvait alors isolé et son pays frappé de sanctions.

Mais quatre ans plus tard et après une série de victoires, le président syrien est toujours en place et il continuera à régner en autocrate, selon les experts. «Il va diriger le pays comme dans le passé alliant intimidation et clientélisme. Nous avons vu qu'Assad n'est pas capable de changer la nature fondamentale du régime», estime Joshua Landis. «Il va rester au pouvoir sans le partager et fera quelques réformes cosmétiques. Mais la position d'Assad ne peut être garantie à jamais», prévoit van Dam.

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