De plus en plus d’adolescentes sont recrutées par Daesh. Cédant à la propagande du groupe islamiste, elles rejoignent l’Irak ou la Syrie pour aider des combattants qu'elles admirent.
Elles seraient aujourd’hui des dizaines à avoir sauté le pas. Et représentent, selon les services de renseignement, la majorité des mineurs partis faire le jihad. Un phénomène alarmant, comme en témoigne l’intérêt porté à la récente fugue de deux jeunes filles de Haute-Savoie, soupçonnées d’avoir voulu rejoindre les bourreaux islamistes.
Des candidates déterminées
Issues de milieux divers, musulmanes ou converties, ces jeunes filles à peine sorties de l’enfance croient trouver sur place «un idéal personnel, social et culturel», explique Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme. Et si elles adoptent volontiers l’idéologie de Daesh, c’est qu’«elles sont, par leur nature, plus consciencieuses, plus volontaires, plus déterminées que les garçons», précise-t-il. Ce jusqu’au-boutisme est un terreau idéal pour la propagande islamiste.
D’autant que ces adolescentes, influencées par le biais d’Internet, pensent agir pour le bien. Les recruteurs parviennent à leur faire croire qu’elles seront investies d’une mission humanitaire, en sauvant des enfants meurtris par la guerre ou en soignant des blessés. Par ailleurs, le groupe terroriste n’hésite pas à leur faire miroiter un avenir marital épanouissant. Un avenir construit avec des hommes de terrain, prétendument forts et responsables, qui se battent pour leurs idéaux. Ce que le sociologue Farhad Khosrokhavar appelle le «culte nouveau de l’héroïsme et de la virilité», où «le jeune jihadiste devient un idéal masculin». Ces espoirs sont enfin complétés, selon les spécialistes, par un besoin de transgression. En quittant leur quotidien pour rejoindre un groupe rejeté par la société, elles se trouvent dans une forme de rébellion propre à l’adolescence.
Une «génération Daesh»
La présence de jeunes femmes au sein d’organisations terroristes n’est pas nouvelle. Par le passé, elles ont déjà joué un rôle au sein du jihad palestinien et de l’ETA. Boko Haram et les rebelles tchétchènes les «utilisent» aujourd’hui pour des opérations kamikazes. Mais Daesh ne les place que très rarement en première ligne. Agissant en soutien des hommes pour assurer l’intendance, ou transmettre des messages, elles sont surtout destinées à s’unir aux combattants.
Leur mission à plus long terme : assurer une descendance au groupe terroriste. «Il agit comme une sorte d’agence matrimoniale, avec la volonté de créer une ”génération Daesh”», ajoute Roland Jacquard. Ces nouveau-nés, nourris de haine et de violence, auront ainsi une mère connaissant un pays «ennemi». Un pays où un acte terroriste pourra être plus facilement organisé.