Dans son édition du vendredi 4 mars, Le Monde raconte l’histoire de cinq jeunes Françaises, âgées de 14 à 19 ans, radicalisées au point de partir en Syrie ou, à défaut, de vouloir commettre des attentats en France.
Ce sont des récits glaçants. Ceux du souhait de cinq adolescentes françaises de vouloir “tuer pour Allah”. Dans son édition du 4 mars, Le Monde publie les histoires mais surtout les propos de ces jeunes filles, mises sur écoute et auditionnées par la police française.
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Elles ont entre 14 et 19 ans, sont issues de familles de classes moyennes, peu voire pas du tout pratiquantes, situées au quatre coins de la France. Elles se sont connues sur Facebook et ne se sont jamais rencontrées. Mais elles sont devenues amies par la volonté commune de vouloir rejoindre les rangs de Daesh.
Deux d’entre elles sont parvenues à aller en Syrie. Les trois autres projetaient de commettre des attentats sur le sol français. “Il est peu probable, au vu de la naïveté qui ressort de leurs échanges par SMS, qu’elles seraient un jour passées à l’acte”, écrit le journal. Mais leurs propos témoignent de la force de l’idéologie jihadiste.
Voici un échange entre deux des adolescentes (les fautes d’orthographe ont été laissées et les prénoms ont été changés par Le Monde) :
“Camille : - Bah je vais me faire sauter en kamikaze en France In Sha Allah si je peut pas partir.
Fatima : – Ces quoi kamikaze ?
Camille : – Tu te fais sauter avec une bombe. (…)
Camille : – Bah on visera un quartier juifs.
Fatima : – Oui ! A Lyon y a un quartier y a que des juif.”
"Cette religion qui m'a sauvée"
Ces jeunes filles vouent un culte à Mohammed Merah, l’auteur des attentats de Toulouse et Montauban. L’une d’entre elles raconte avoir pleuré le jour de la mort du jeune homme et être fascinée par sa phrase : “J’aime la mort comme vous aimez la vie.” “Il y en a qui veulent faire tout comme la chanteuse Rihanna, et bien moi, je veux tout faire comme Merah”, explique une autre des adolescentes à la police.
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Comment justifient-elles leur attrait pour le jihad et Daesh ? Par le fait que c’est ce que demanderait l’islam selon elles, une religion qu’elles disent aimer et à laquelle elles veulent dédier leur vie. “Je considère que de tuer au nom d’Allah ou de mourir en martyr sont des actes normaux pour la religion”, avance l’une d’entre elles. “C’est cette religion qui m’a sauvée, car j’avais envie de me suicider”, témoigne une autre.
Déradicalisation impossible ?
Pourtant, leurs messages montrent leur méconnaissance et leur naïveté. Elles se trompent dans le nom de Daesh ou la dénomination de territoires. Elles rient de la beauté d’un martyr du groupe et de ses baskets Air Max, ou encore elles se pavannent de recevoir plusieurs propositions de mariage de jihadistes.
Quatre des cinq filles (l’une étant restée en Syrie) ont été mises en examen. Trois ont été placées sous contrôle judiciaire. La quatrième a été incarcérée en janvier dernier, après que la police a découvert qu’elle souhaitait toujours partir en Syrie, malgré sa participation à un programme de prévention sur les techniques de recrutement de Daesh.