D'après le quotidien britannique The Independent, Daesh se serait fait passer sur Facebook pour une journaliste décédée depuis plusieurs mois dans le but de piéger d'autres journalistes et activistes.
Elle s'appelait Ruqia Hassan Mohammed mais était connue sur Internet sous le nom de Nissan Ibrahim. Son décès a été révélé cette semaine mais il se pourrait que la jeune femme de 30 ans ait été tuée il y a trois mois après avoir été kidnappée par le groupe terroriste Daesh à l'été 2015, selon plusieurs activistes syriens établis en Turquie et qui tiennent à rester anonymes pour des raisons évidentes de sécurité.
L'information, relayée par The Independent, indique que les comptes de Ruqia Hassan sur les réseaux sociaux ont continué d'être alimentés en privé par Daesh, le groupe terroriste essayant ainsi de mettre la main sur d'autres journalistes en Syrie.
Un compte actif jusqu'à la semaine dernière
«Son compte Facebook est resté actif afin de piéger ses amis qui ont communiqué avec elle», a déclaré au journal britannique un activiste syrien qui utilise le pseudonyme de Tim Ramadan. Selon lui, Daesh aurait utilisé jusqu'à la semaine dernière son compte pour envoyer des messages à d'autres utilisateurs en affirmant qu'elle était en vie.
L'information a également été reprise par le site en langue arabe al-Aan précisant que des militants anti-Daesh avaient averti que le compte de Mme Mohammed avait été utilisé pour tenter d'identifier et localiser d'autres militants, tant à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie.
Bien que la journaliste ne travaillait pas pour un média en particulier, elle fournissait des informations essentielles sur la vie à Raqqa, la capitale autoproclamée de Daesh, à plusieurs médias, groupes d'activistes, et militants des droits de l'Homme en exil.
Un dernier message bouleversant et prémonitoire
L’un de ces groupes, appelé «Raqqa est en train d’être massacrée en silence», a mis en ligne une capture d’écran de ce qui est présenté comme le dernier commentaire public officiel de Ruqia Hassan Mohammed sur Facebook.
Dans ce message bouleversant et prémonitoire, qui date de juillet 2015, la jeune femme écrit qu’elle se trouve à Raqqa et qu’elle a reçu des menaces de mort disant que Daesh allait «l’arrêter et l’exécuter».
«C’est pas grave parce qu’ils vont me couper la tête» disait-elle, avant d’ajouter : «J’ai de la dignité et je préfère cela que de vivre continuellement sous l’humiliation » [de Daesh].
#Raqqa 2-"Death threats and when #ISIS will Arrest me and kill me its ok Because they will cut my head and i have Dignity its better than"
— الرقة تذبح بصمت (@Raqqa_SL) 2 Janvier 2016
#Raqqa 3-I live in Humiliation with #ISIS #RIP Nissan
— الرقة تذبح بصمت (@Raqqa_SL) 2 Janvier 2016