Mouammar Kadhafi, dictateur à la tête de la Libye de 1969 à 2011, avait tenté de prévenir l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair de l’imminence d’une menace jihadiste si son régime s'effondrait.
Ces informations ont été dévoilées jeudi par le Comité des Affaires étrangères du Parlement britannique à travers la publication de transcriptions de conversations téléphonique entre l’ex-chef du gouvernement anglais et l’ancien dirigeant libyen, renversé puis tué en octobre 2011 par les insurgés. Au cours de ces appels, passés le 25 février 2011, Mouammar Kadhafi, qui faisait alors face à des émeutes dans son pays, avait ainsi expliqué qu’il tentait de sauver son pays des extrémistes islamiques qui sévissaient en Afrique du Nord.
«Ce n’est pas une situation compliquée. L’histoire est aussi simple que ça : Al-Qaida en Afrique du Nord dispose de cellules dormantes […] Les cellules dormantes en Libye sont similaires à celles qui se trouvaient aux Etats-Unis avant le 11 septembre, » avait-il indiqué, avant de poursuivre : «Ils se sont procurés des armes et terrifient les gens. La population ne peut quitter son domicile. Ils les menacent avec des armes […] C’est une situation de jihad.»
Le dictateur avait ansuite indiqué que ce n’était qu'un début et que les jihadistes auront tôt fait d'atteindre l’Europe. «Ils veulent contrôler la mer Méditerranée puis ils viendront attaquer l’Europe Vous devez l’expliquer à la communauté internationale. Des journalistes peuvent venir pour constater cette vérité», avait-il déclaré.
Tony Blair aurait tenté de sauver Mouammar Kadhafi
Au cours de ces conversations téléphoniques, on apprend par ailleurs que Tony Blair avait conseillé au dictateur de se cacher en lieu sûr et de se retirer du pouvoir pour éviter toute violence. L’ancien Premier ministre avait été auditionné à ce sujet dans le cadre d’une enquête parlementaire après la sortie en septembre dernier d’un livre affirmant qu’il avait tenté de sauver Mouammar Kadhafi.
Finalement, malgré la promesse de Tony Blair de faire en sorte d'éviter toute opération militaire des Nations unies en Libye, la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 17 mars 2011, autorisait le recours à la force contre les troupes gouvernementales. Quelques semaines plus tard, Grande-Bretagne, France et Etats-Unis, entre autres, participaient à une opération militaire pour déchoir le dirigeant libyen de ses fonctions.