Grand reporter à «Paris Match» et spécialiste du Vatican, Caroline Pigozzi a réalisé pour le magazine une interview inédite du pape François, chez lui, à la résidence Sainte-Marthe, au cœur même de la cité papale.
Un entretien en tête à tête d’une dizaine de pages, dans les kiosques depuis hier, au cours duquel le souverain pontife a abordé les thèmes qui lui sont chers comme la pauvreté, le climat ou le capitalisme. Un engagement et une simplicité que la journaliste retiendra.
Dans quelles conditions s’est déroulé cet entretien ?
Depuis qu’il a été élu (le 13 mars 2013) je rêve de pouvoir l’interviewer. A un moment, les choses se sont déclenchées, très vite, en deux jours, et je suis allée chez lui vendredi dernier. Ce qui est intéressant, c’est que je n’ai pas eu à partager cette rencontre avec d’autres confrères. C’est une première dans la presse francophone et anglophone. C’était à la fois extraordinaire et émouvant.
Comment était-il en privé ?
Il était chaleureux, attentif, sympathique, d’une grande gentillesse et disponibilité… Il n’y a vraiment pas de décalage entre son image publique et le rapport privé. A aucun moment on ne ressent de côté vedette, car il ne souhaite pas se mettre dans cette logique-là. Il possède une humilité de jésuite et est resté tel un prêtre de terrain.
Pourquoi est-ce si important ?
Cela s’explique par son histoire : il était un prêtre des pauvres en Amérique latine. Comme il l’a dit, il n’a pas été élu pape pour rencontrer les puissants et les riches. Son combat, c’est de faire évoluer les rapports de force.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée lors de cet entretien ?
Sans aucun doute son esprit de conquête. Quand je lui ai dit : «La Chine, c’est loin pour un jésuite», son regard s’est complètement illuminé, car il veut retrouver les catholiques de Chine. Cela a certainement été le moment le plus beau.
En quoi François se démarque-t-il de ses prédécesseurs ?
Personne n’a de prise sur lui, c’est lui qui décide. Jean-Paul II était un personnage extraordinaire et très émouvant, qui voulait conquérir. Il avait un caractère très fort, mais il était très entouré. François, lui, est un solitaire qui veut convaincre.