Caroline Pigozzi publie avec Henri Madelin une version enrichie de trois chapitres d’Ainsi fait-il (Plon), consacré au pape François. Auparavant, elle avait suivi Jean-Paul II pendant la deuxième partie de son pontificat. Elle en a tiré deux livres : Le pape en privé (Nil Editions, 2000) et Jean-Paul II intime (Robert Laffont, 2005). La journaliste garde en mémoire un homme extraordinairement charismatique qui dégageait à la fois force et bonté.
Comment avez-vous rencontré le pape Jean-Paul II ?
Son secrétaire particulier, le cardinal Dziwisz, m’aimait bien. C’est grâce à lui que j’ai pu rencontrer souvent Jean-Paul II lorsque je le suivais pour Paris Match. Le pape appréciait ce magazine : du temps du rideau de fer, c’était un symbole de liberté pour les Polonais qui le lisaient clandestinement.
S’il fallait retenir une seule caractéristique ?
Un rayonnement fabuleux émanait de lui. Rares étaient ceux qui n’avaient pas les larmes aux yeux en approchant le Saint-Père. Je me souviens notamment d’Helmut Kohl, le chancelier allemand : ce colosse pleurait en accueillant le pape. Sa très vive émotion est une image que je n’oublierai jamais.
Avez-vous eu le sentiment de côtoyer un saint ?
Je ne peux pas juger de son degré de sainteté. Mais il est incontestable que Karol Wojtyla faisait la synthèse entre la compassion et un vrai tempérament. Médiatique et politique, c’était d’abord un grand mystique. Sa prière était profonde comme j’ai pu le voir lors de messes privées telle celle, par exemple, en hommage à son ami, le professeur Lejeune.
Jean-Paul II était aussi un homme de caractère…
On le mesurait quand il était contrarié et fronçait les sourcils. Passionné de théâtre, ce charmeur aimait séduire…
La génération Jean-Paul II existe-t-elle toujours ?
Lorsqu’il a proclamé «N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ», Jean-Paul II a marqué pour toujours une génération de catholiques décomplexés, ouverts au monde et très marqués par lui.