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Ukraine : le cessez-le-feu "globalement respecté"

Le président russe Vladimir Poutine le 29 août 2014 à Seliger, en Russie [Mikhail Klimentyev / Pool/AFP]

Le cessez-le-feu en vigueur dans l'est de l'Ukraine depuis 24 heures est "globalement respecté" par l'armée et les séparatistes prorusses, se sont félicités samedi les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine, tandis que les rebelles exigent leur "indépendance".

 

Destiné à mettre fin à un conflit de près de cinq mois dans cette région ayant fait, selon l'ONU, 2.600 morts et provoqué le départ d'un demi-million de réfugiés et déplacés, ce cessez-le-feu a été accueilli avec scepticisme par les Occidentaux qui n'ont pas renoncé dans l'immédiat à de nouvelles sanctions contre la Russie accusée de porter atteinte à la "souveraineté de l'Ukraine".

Samedi matin, rebelles et forces gouvernementales se sont mutuellement accusés d'avoir violé le cessez-le-feu entré en vigueur vendredi à 15H00 GMT, par des tirs sur leurs positions respectives dans et autour des fiefs rebelles de Donetsk et Lougansk. Selon des journalistes de l'AFP à Marioupol et Donetsk, la journée s'est déroulée dans le calme.

Mais lors d'une conversation téléphonique, MM. Porochenko et Poutine ont, eux, joué l'apaisement et "constaté que le régime de cessez-le-feu était globalement respecté. Ils ont discuté de mesures à prendre pour que le cessez-le-feu ait un caractère durable", a indiqué la présidence ukrainienne.

 

"D'égal à égal"

Aucune précision n'a été donnée sur la durée du cessez-le-feu qui constitue un succès pour les insurgés et la Russie, dans la mesure où il est susceptible d'entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est après l'avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux.

Et les rebelles ont déjà exigé samedi leur "indépendance" après les négociations vendredi à Minsk entre le "groupe de contact" composé de l'Ukraine, de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les séparatistes.

"L'essentiel qui reste après ces négociations, c'est la reconnaissance d'une république autonome et indépendante au sein de la DNR ou au sein de Novorossia" (Nouvelle Russie, terme utilisé par le président russe pour désigner plusieurs régions de l'est et du sud de l'Ukraine, NDLR), a déclaré à l'AFP le président du parlement de la DNR Boris Litvinov.

"Ensuite on peut marchander avec l'Ukraine et même l'aimer, mais d'égal à égal", a-t-il ajouté, estimant que parmi les conditions de Kiev, seules "deux sont acceptables pour nous: le cessez-le-feu et l'échange de prisonniers".

Le "Premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a précisé que les séparatistes devaient transférer samedi leurs prisonniers de guerre à Kiev et le gouvernement ukrainien faire de même lundi avec les rebelles retenus.

 

Scepticisme

A Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov qui a repoussé juste avant le cessez-le-feu une tentative d'assaut rebelle, certains habitants ne cachaient pas leur septicisme quant à une paix durable.

"Rien n'a vraiment changé", estimait Vladislav Lobzine, 38 ans. "Les experts pensent que ce n'est pas un cessez-le-feu mais juste une pause pour (permettre l'arrivée) des renforts et éviter la panique parmi la population civile", lance ce Russe qui travaille et vit à Marioupol.

La trêve annoncée à Minsk n'a pas convaincu les Occidentaux qui ont accusé ces derniers jours la Russie d'avoir déployé des troupes régulières dans l'est de l'Ukraine.

Moscou a toujours démenti toute implication sur le terrain.

Pour le patriarche de Kiev Filaret, Vladimir Poutine est par ses actes "devenu un nouveau Caïn qui fait verser le sang des frères et entortille le monde par le mensonge", se référant au personnage de la Bible qui tue son frère Abel et interpellé par Dieu, nie son crime.

Les 28 Etats membres de l'Union européenne se sont mis d'accord vendredi soir pour de nouvelles sanctions contre la Russie, qui seront formellement adoptées lundi.

Cette série de sanctions comprend des mesures renforcées concernant l'accès aux marchés des capitaux, la défense, les biens à double usage civil et militaire et les technologies sensibles. Les sanctions seront publiées au Journal officiel de l'UE, permettant leur entrée en vigueur, probablement mardi, selon une source diplomatique.

Mais la Russie a averti samedi qu'elle réagirait en cas de nouvelles sanctions économiques, en accusant l'Union européenne de soutenir ainsi "le parti de guerre à Kiev".

 

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