Les Etats-Unis vont effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie en vue d'éventuelles frappes aériennes contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI), déjà visés par des raids américains en Irak et dont la progression fulgurante suscite l'inquiétude de l'Occident.
Le régime de Damas s'est dit prêt lundi à coopérer avec la communauté internationale, y compris avec Washington, pour lutter contre les jihadistes mais a souligné que toute frappe sur son territoire devait se faire en coopération avec lui, au risque sinon d'être considérée comme une "agression".
Les Etats-Unis, qui ont mené une centaine de frappes aériennes contre des positions de l'EI dans le nord de l'Irak depuis le 8 août, ont évoqué la semaine passée la possibilité d'étendre ces raids à la Syrie voisine après la décapitation du journaliste américain James Foley par des combattants de ce groupe ultra-radical.
Selon un haut responsable américain, interrogé par l'AFP, les Etats-Unis sont sur le point d'envoyer des avions-espions et des drones au-dessus de la Syrie pour repérer les jihadistes et préparer le terrain à d'éventuelles frappes.
- Pas encore de décision -
Le chef d'état major interarmées américain, le général Martin Dempsey, a souligné lundi que l'EI constituait "une menace régionale qui sera bientôt une menace pour les Etats-Unis et l'Europe".
"Peuvent-ils être battus sans s'attaquer à la part de l'organisation qui se trouve en Syrie? La réponse est non", a-t-il affirmé.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a néanmoins précisé que le président Barack Obama "n'a(vait) pas (encore) pris de décision" concernant des frappes aériennes sur le territoire syrien.
La Maison Blanche a par ailleurs clairement laissé entendre que les Etats-Unis étaient prêts à agir sans l'accord de Damas, comme ils l'ont fait par le passé.
Alors que de nombreux pays occidentaux et arabes ont réclamé la chute du régime de Bachar al-Assad --qui a violemment réprimé en 2011 un mouvement de contestation populaire, devenu depuis insurrection armée aux aspects de plus en plus complexes--, la nouvelle donne place Washington dans une situation inconfortable.
"Nous ne considérons pas que nous sommes du même côté simplement parce qu'il y a un ennemi commun", a tenté d'expliquer lundi Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat.
Mais pour le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir, la décapitation de James Foley "a montré le besoin de dialoguer de nouveau avec Damas". "Etablir une coalition internationale contre le terrorisme pourrait devenir une option obligatoire (...) même si les signes ne sont pas encore clairement apparus", estimait-il mardi.
- 'Crimes contre l'humanité' -
L'avancée de l'EI, qui s'est emparé de larges pans de territoire irakien à la faveur d'une offensive fulgurante lancée le 9 juin, suscite de vives préoccupations au sein de la communauté internationale.
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a accusé les jihadistes de l'EI de commettre "d'horribles violations des droits de l'Homme" et de mener "un nettoyage ethnique et religieux" dans les territoires qu'ils contrôlent.
Elle a appelé la communauté internationale à ne pas laisser ces crimes "impunis".
En Syrie, les jihadistes ont enregistré dimanche une importante victoire en prenant l'aéroport de Tabqa, dernier bastion du régime dans la province septentrionale de Raqa.
Mais de l'autre côté de la frontière, les forces kurdes et irakiennes, qui collaborent contre les jihadistes depuis début août, ont en revanche gagné du terrain contre l'EI.
A travers le pays, les attentats meurtriers se sont multipliés ces derniers jours, visant notamment des mosquées. Une vague de violences perpétrées par des "terroristes dépravés", selon Washington, qui a exhorté une nouvelle fois le pays à s'unir contre les jihadistes ultra-radicaux.
Mardi matin, en pleine heure de pointe, au moins 10 personnes ont encore été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée au milieu d'un carrefour bondé dans l'est de Bagdad, selon des responsables.