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Guerre retorse dans les entrailles de Damas

Un soldat syrien garde l'entrée d'un tunnel qui aurait été creusé par des rebelles à Jobar, dans la banlieue est de Damas, le 2 juin 2014 [Joseph Eid / AFP] Un soldat syrien garde l'entrée d'un tunnel qui aurait été creusé par des rebelles à Jobar, dans la banlieue est de Damas, le 2 juin 2014 [Joseph Eid / AFP]

Guidés par leur ouïe, soldats et rebelles utilisent la ruse dans la guerre des tunnels qu'ils se livrent pour le contrôle de l'entrée orientale de Damas.

"Nous dépendons d'abord de nos oreilles. Lorsque nous localisons la source du bruit, nous creusons en direction de la cible", explique le capitaine Mazen.

"Puis c'est la surprise: soit les rebelles sont en face et il y a combats, soit nous coupons leur tunnel, soit nous l'utilisons à notre profit", ajoute cet officier, dont la tanière se trouve au sous-sol d'un immeuble vide à Jobar.

Ce quartier est un verrou stratégique tenu par l'armée et qui ouvre sur la place des Abbassides. Si les rebelles la franchisse, ils mettent en danger le système de défense du régime.

Près du capitaine, un trou de sept mètres de profondeur conduit à une "chambre d'observation" avec des ordinateurs reliés à des caméras placées dans des tunnels creusés par l'armée.

- la guerre d'en bas -

A Jobar, selon un militaire, se déroule en surface la "guerre soft", avec des tireurs embusqués des deux camps dans des immeubles distants parfois de quelques mètres. Épisodiquement, le canon tonne ou des avions lâchent des barils d'explosifs.

Des soldats syriens sortent d'un tunnel qui aurait été creusé par des rebelles à Jobar, dans la banlieue est de Damas, le 2 juin 2014 [Joseph Eid / AFP]
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Des soldats syriens sortent d'un tunnel qui aurait été creusé par des rebelles à Jobar, dans la banlieue est de Damas, le 2 juin 2014

Mais la vraie guerre, c'est en dessous, car ici dit un soldat devant son ordinateur, "il y a deux villes: celle d'en haut plutôt virtuelle et celle en bas, réelle".

Pour éviter les francs-tireurs, tous les immeubles de l'armée comme ceux des rebelles sont reliés par des galeries creusées dans la terre ocre et éclairées par des lampes. Dans la cour d'un édifice de huit étages deux trous sont visibles.

"Le premier souterrain c'est pour le ravitaillement, le second c'est pour communiquer entre nos positions, le troisième sert à l'évacuation de blessés. Le dernier, qui peut descendre à 12 mètres, ceint le bâtiment et si l'ennemi cherche à s'infiltrer nous faisons exploser les bombes que nous avons placées", confie le lieutenant Maher, en treillis et barbe noire.

- le jeu du chat et de la souris -

Aucun des adversaires ne creuse au même niveau. La raison est simple: s'ils choisissaient toujours la même profondeur ce serait un jeu d'enfant pour l'adversaire de trouver la galerie.

En fait c'est le jeu du chat et de la souris. "Le capitaine Ali les rend fous car il sait comment creuser pour les prendre de revers", affirme un de ses subordonnés.

Un soldat syrien tient une position à Jobar, une banlieue est de Damas majoritairement contrôlée par la rébellion, le 2 juin 2014 [Joseph Eid / AFP]
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Un soldat syrien tient une position à Jobar, une banlieue est de Damas majoritairement contrôlée par la rébellion, le 2 juin 2014

A Jobar, l'armée, positionnée sur le flanc ouest, a réagi il y a un an quand les rebelles ont fait sauter des immeubles où elle se trouvait.

"La tactique des hommes armés est double", affirme le commandant de la zone, le colonel Ramez: "creuser jusqu’à nos bâtiments pour les faire sauter, ou forer des boyaux qui dépassent nos lignes pour entrer dans la ville dans notre dos".

L’équipe du colonel a demandé l'aide d'experts en géologie équipés de capteurs signalant des cavités à une profondeur de 10 ou 15 mètres. Mais, parfois ils ne découvrent que des canalisations romaines car Damas est une ville ancienne.

Pour l'armée, il y a deux lignes rouges: la place des Abbassides et la "tour du 8 mars" à Jobar qui, si les rebelles s'en emparaient, permettrait à leurs tireurs embusqués de prendre sous leur feu la partie est de la ville.

Il y a quelques mois, dit le colonel, l'armée avait découvert au dernier moment un tunnel rebelle aboutissant derrière ses lignes, faisant avorter une "attaque massive sur Damas".

Selon un officier des renseignements, leur tactique serait d'envoyer un groupe de 30 kamikazes pour s'emparer de plusieurs immeubles afin d'ouvrir la voie à 1.000 rebelles qui sèmeraient le chaos dans les rangs de l'armée.

"A Jobar, dit-il, les rebelles ont creusé plein de tunnels, dont certains les relient à d'autres localités".

Dans un document intitulé la "guerre des tunnels", le bureau de presse des Forces révolutionnaires en Syrie (rebelle) affirme que ces galeries ont plusieurs objets: sécuriser le ravitaillement des villes assiégées, atteindre l’ennemi et détruire ses positions".

"Il n'y a jamais au monde un réseau de tunnels aussi dense qu'en Syrie. Cela a commencé en 2012 à Homs. Depuis, l'armée a découvert 500 galeries dans le pays mais je pense qu'il y en a le double", note Salim Harba, chercheur en affaires stratégiques à Damas.

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