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Jordanie: face à la menace jihadiste liée à la Syrie, Amman renforce sa législation

Un soldat rebelle appartenant au groupe islamiste Ansar al-Sham, dans la province de Lattaquié, en Syrie, le 4 avril 2014 [Ali Nasser / Hass News/AFP/Archives] Un soldat rebelle appartenant au groupe islamiste Ansar al-Sham, dans la province de Lattaquié, en Syrie, le 4 avril 2014 [Ali Nasser / Hass News/AFP/Archives]

La Jordanie vient de renforcer sa loi antiterroriste pour tenter de préserver le royaume de la menace des jihadistes impliqués au côté des rebelles en Syrie voisine, selon des analystes.

De nouveaux articles ont été ajoutés à la loi existante et approuvés mardi par le Parlement pour criminaliser le fait de "rejoindre ou de tenter de rejoindre des groupes armés ou terroristes, ou de faire du recrutement ou de tenter de recruter" en faveur de ces groupes.

Les actes exposant le pays "à une agression, ou qui porteraient atteinte aux relations de la Jordanie avec un pays tiers" sont également visés par ces amendements.

Plusieurs centaines de jihadistes jordaniens ont rejoint en Syrie les rebelles islamistes radicaux qui combattent les troupes du président Bachar al-Assad.

Trois ans après le début du conflit, plusieurs de ces Jordaniens aguerris commencent à rentrer au pays, et suscitent l'inquiétude des autorités.

"La Jordanie est entourée de groupes jihadistes et cela pose une sérieuse menace terroriste pour le royaume", souligne Oraib Rantawi, qui dirige le Centre Al-Qods d'études politiques.

"Je pense que le terrorisme pourrait trouver un environnement propice en Jordanie. Cet environnement reste isolé et limité mais il est lié à la situation dans la région, notamment en Syrie", a-t-il expliqué à l'AFP.

La Jordanie a adopté sa première loi antiterroriste en 2006, après trois attentats contre des hôtels ayant fait 60 morts.

Amman a exprimé à plusieurs reprises ses craintes d'une propagation transfrontalière du conflit syrien.

La Syrie a accusé le gouvernement jordanien de soutenir la rébellion et de l'armer. Des accusations que la Jordanie réfute arguant en outre qu'elle renforce le contrôle de ses frontières et a arrêté plusieurs dizaines de personnes qui tentaient de passer clandestinement en Syrie.

"Ces dernières années, de nombreux Jordaniens sont partis en Syrie, en Irak et dans d'autres pays rejoindre les groupes jihadistes. La Jordanie est inquiète et considère ceux qui rentrent comme une menace à la sécurité", souligne M. Rantawi.

- "Etat policier" -

Les amendements prévoient la peine de mort pour toute personne ayant mené une attaque meurtrière ou ayant fait usage d’explosifs ou de substances biologiques ou chimiques.

Ils sanctionnent également "l’utilisation des technologies de l’information, de l’internet ou de tout autre moyen de publication ou média ou la création d’un site internet, pour faciliter les actes terroristes ou soutenir des groupes qui font la promotion ou soutiennent le terrorisme".

"La Syrie est devenue un pôle d'attraction majeur pour les jihadistes, posant un défi de taille à la région et au monde entier. Les changements dans la loi ont été introduits spécifiquement pour s’attaquer à ce problème", explique Hassan Abou Hanieh, un expert des groupes islamistes.

La nouvelle législation jordanienne a été adoptée après que l’Arabie saoudite a déclaré "terroristes" les Frères musulmans ainsi que deux groupes jihadistes syriens, le 7 mars, et sommé ses ressortissants combattant à l’étranger de rentrer dans les 15 jours sous peine d’être emprisonnés.

Certains députés ont critiqué les amendements de la loi, qui selon eux, n'ont rien à voir avec la Syrie.

"Nous sommes tous contre le terrorisme et des sanctions sont déjà prévues dans le code pénal. Mais la loi antiterroriste dans sa nouvelle forme impose des restrictions aux libertés et pourrait porter atteinte à l’image du pays", estime le député Mahmoud Kharabcheh.

Les Frères musulmans ont également dénoncé ces modifications qu'ils considèrent comme injustifiées.

"Les amendements peuvent être utilisés pour atteindre des objectifs qui ne sont pas liés à la lutte antiterroriste. C’est le signe que nous sommes en train de devenir un Etat policier", estime Zaki Bani Rcheid, numéro 2 des Frères en Jordanie.

Pour M. Hanieh, la Jordanie "veut que ce soit clair pour ceux qui souhaitent rejoindre les groupes jihadistes: +si vous rejoignez ces groupes, ne songez pas à revenir+" au pays.

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