Le typhon Bopha, le plus puissant de l'année aux Philippines, a fait au moins 115 morts et plusieurs disparus dans l'extrême sud du pays balayé dans la nuit de mardi à mercredi par des vents violents et noyé sous des trombes d'eau, selon un bilan provisoire qui devrait s'alourdir.
Une coulée de boue a fait 49 morts à New Bataan, une ville difficile d'accès de l'île de Mindanao, et 51 personnes ont péri dans diverses localités de l'est de l'île, a annoncé le lieutenant-colonel Lyndon Paniza, commandant militaire de la région sud.
Douze autres personnes ont été tuées dans d'autres provinces méridionales, ainsi que trois habitants des îles Visayas, ont indiqué à l'AFP des responsables régionaux de la sécurité civile.
"Nous avons un besoin urgent dans ces zones de housses mortuaires, de médicaments, de vêtements secs et surtout de tentes, parce que les survivants vivent dehors depuis que le typhon a emporté leurs maisons ou leurs toits", a déclaré à l'AFP la ministre des affaires sociales Corazon Soliman. "Les corps sont laissés tels quels sur le sol à l'extérieur à New Bataan et nous ne voulons pas risquer l'apparition de maladies".
Un précédent bilan faisait état de 82 morts et 21 disparus. Les autorités ont prévenu que le coût humain des intempéries s'aggraverait à mesure que les secours dégageraient les accès aux régions isolées du sud de l'archipel philippin.
Bopha a touché terre mardi à l'aube par l'est de Mindanao, avec des vents atteignant 210 km/h et de fortes pluies, emportant arbres et habitations, gonflant les cours d'eau et provoquant des glissements de terrain.
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Le typhon, qui a perdu de sa force dans la nuit, poursuivait sa trajectoire en direction de la mer de Chine méridionale mais il devait encore déverser d'abondantes précipitations sur l'île de Palawan (ouest).
L'armée était à pied d'oeuvre mercredi matin à New Bataan, avec l'appui d'hélicoptères et d'engins lourds, pour déblayer les monceaux d'arbres, de terre et de pierre charriés par les eaux qui ont tout emporté sur leur passage.
L'étroite passe permettant d'accéder à cette ville de petite montagne a été rendue impraticable par la chute d'arbres et de rochers, a déclaré le major général Ariel Bernardo, commandant de la 10ème division d'infanterie basée à Mindanao.
"Nous espérons pouvoir faire décoller nos hélicoptères pour des missions de reconnaissance, de recherche et de sauvetage", a-t-il dit.
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De nombreux habitants de Mindanao, une île d'ordinaire épargnée par les typhons et dont une grande partie de la population est musulmane, étaient encore privés d'électricité mercredi et coupés du monde.
"Trois communes côtières restent isolées", selon Corazon Malanyaon, gouverneur du Davao Oriental. "Les routes menant à ces villes sont encombrées d'arbres et de débris, et le pont qui en permet l'accès s'est effondré", a-t-elle ajouté.
Selon ses informations, "95% des bâtiments du centre-ville (de Cateel) ont perdu leur toiture, y compris les hôpitaux" et 16 personnes y ont trouvé la mort.
Plus de 56.000 personnes ont quitté leur domicile en bord de mer, le long de cours d'eau exposés aux crues et dans des zones susceptibles de connaître des glissements de terrain, et ont trouvé refuge dans un millier d'abris publics, souvent des écoles ou des églises.
Les Philippines subissent une vingtaine de tempêtes ou typhons majeurs chaque année, survenant pour la plupart pendant la saison des pluies entre juin et octobre. Bopha est le 16e cette année.
En août, des inondations dues à une série de tempêtes avaient fait une centaine de morts et déplacé plus d'un million de personnes. En 2011, 29 typhons avaient causé la mort de 1.500 personnes, dont 1.200 à Mindanao après le passage de la tempête tropicale Washi.