L'armée de République démocratique du Congo (RDC) est revenue lundi à , principale ville de l'est du pays, deux jours après un repli des rebelles du M23 qui attendent désormais l'ouverture de négociations avec le régime de Kinshasa.
Un bataillon de l'armée régulière (FARDC) est entré dans la capitale de la riche province minière du Nord-Kivu en milieu d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP. Il s'est immédiatement dirigé vers le camp militaire de Katindo, un quartier de la ville.
Depuis dimanche, ces FARDC attendaient à une trentaine de km, dans la ville de Sake, un feu vert pour se redéployer à Goma. Les autorités congolaises ont expliqué le temps mis à concrétiser les choses par la lourdeur logistique d'un tel retour.
Lundi, le flou régnait en revanche toujours sur les délicates négociations prévues entre Kinshasa et les rebelles, promises en échange du repli du M23 : aucune date n'était encore donnée pour leur lancement.
L'incertitude planait aussi sur les personnes qui y participeront, même si la présence directe du président de RDC Joseph Kabila, affaibli par cette crise, semblait à ce stade exclue.
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Présent lundi à Goma, le ministre congolais de l'Intérieur, Richard Muyej Mangez, a indiqué à l'AFP que les discussions pourraient commencer, a priori dans la capitale ougandaise Kampala, "dans les prochains jours". "L'équipe de dialogue est déjà constituée," a-t-il assuré, sans en donner la composition.
Le ministre a cependant souligné qu'il fallait que le M23 respecte lui-même pleinement son engagement de se retirer à au moins 20 km de Goma, qu'il avait occupée pendant une douzaine de jours, ce qui n'est pas encore le cas.
Lundi encore, des combattants rebelles patrouillaient sur la route au nord de Goma, et d'autres gardaient des positions sur une colline stratégique surplombant une base militaire de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), à trois kilomètres de l'aéroport de la ville.
"Vous ne pouvez vous retirer que par étapes, c'est ainsi que les choses se font", a fait valoir un commandant rebelle, Antoine Manzi.
"Nous sommes totalement satisfaits de la mise en oeuvre de l'accord à ce jour", a cependant pour sa part estimé le chef d'état major ougandais, Aronda Nyakairima, à l'issue d'une réunion avec ses homologues de RDC et du Rwanda à Goma.
M23 "infiltrés"
Les autorités administratives, qui avaient aussi fui l'avancée des rebelles, commençaient elles aussi à revenir, notamment le maire de Goma et le gouverneur du Nord-Kivu.
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Mais malgré le retour ces derniers jours de centaines de policiers, et des patrouilles régulières de la Monusco, la sécurité reste précaire à Goma, de l'aveu du maire, Naason Kubuya.
Les accusations de pillages se sont multipliées récemment contre les rebelles du M23 à Goma. Bâtiments et biens publics auraient été en particulier visés.
Mais l'armée régulière est elle-même régulièrement accusée de vols et autres exactions contre la population du Nord-Kivu. Lundi, le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, a lui-même expliqué que le retour des soldats loyalistes avait pris du temps parce qu'il fallait "préparer" leur arrivée pour "qu'ils n'aillent pas chaparder à gauche, à droite."
Le maire a également accusé des éléments du M23 d'être restés à Goma, qu'ils "infiltrent" avec, selon lui, pour mission de déstabiliser la ville et "montrer que le gouvernement n'est pas efficace pour restaurer la sécurité".
La vie reprenait cependant son cours à Goma. Ecoles, commerces et administrations ont redémarré. Seules les banques étaient encore fermées, perpétuant la crise de liquidité qui frappe les habitants depuis presque deux semaines.
Les autorités provinciales du Nord-Kivu ont indiqué que l'aéroport international de Goma et la Banque centrale rouvriraient jeudi.
Les rebelles du M23 combattent l'armée régulière de RDC depuis environ huit mois dans le Nord-Kivu. Ils avaient pris Goma le 20 novembre et, dans la foulée, ses environs.
Le M23 est composé d'ex-rebelles qui avaient intégré l'armée de RDC après la signature d'un accord de paix avec Kinshasa le 23 mars 2009. Ses hommes se sont mutinés il y a environ huit mois, estimant que les autorités congolaises n'avaient jamais pleinement respecté leurs engagements.
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Les mutins, essentiellement des Tutsi congolais, refusent notamment toute mutation hors de leur région du Kivu afin, disent-ils, de protéger leurs familles et les membres de leur communauté qu'ils estiment en danger.
Leurs revendications sont aussi politiques, les rebelles allant jusqu'à remettre en question la légitimité du président Kabila. L'ONU et Kinshasa accusent le Rwanda et dans une moindre mesure l'Ouganda de soutenir le M23, ce que ces deux pays démentent.