La France a plaidé jeudi pour un renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, qui doit disposer de "moyens terrestres et aériens" et imputé au régime de Bachar al-Assad les violations du plan Annan, en accueillant une réunion d'une douzaine de pays à Paris.
"L'opposition a rempli ses obligations au titre du plan Annan (...) Les groupes présents sur le terrain, dont la coordination est pourtant rendue très difficile par la répression, ont respecté le cessez-le-feu malgré les provocations du régime syrien", a déclaré Alain Juppé, le chef de la diplomatie française à l'ouverture de cette réunion.
"On ne peut pas en dire autant du régime syrien. Il poursuit sans vergogne la répression qui a encore fait des dizaines de morts depuis la date prévue pour l'entrée en vigueur du cessez-le-feu", le 12 avril, a-t-il ajouté, selon le texte de son intervention remis à la presse.
Une douzaine de chefs de la diplomatie occidentaux et arabes, dont l'Américaine Hillary Clinton et le Turc Ahmet Davutoglu, étaient présents à Paris, mais pas la Chine et la Russie, alliées de Damas.
Le président du Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, Burhan Ghalioun, a indiqué à l'AFP qu'il y participait.
La mission d'observation de l'ONU en Syrie doit disposer de "plusieurs centaines d'hommes qui doivent avoir les moyens terrestres et aériens" d'accomplir leur mandat, a insisté Alain Juppé. A New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé à Damas d'autoriser l'usage par les "bérêts bleus" de "moyens cruciaux comme des hélicoptères".
Ban Ki-moon a réclamé à Damas une "totale liberté de mouvement" aux observateurs de l'ONU et de faciliter une "opération humanitaire de grande ampleur" pour secourir la population.
"Nous refusons l'impuissance", avait déclaré jeudi matin le président français Nicolas Sarkozy en justifiant la tenue de cette nouvelle réunion.
La Russie et la Chine ont été invitées à la réunion de Paris mais ont décliné, selon le Quai d'Orsay. Au nom de la non ingérence dans les affaires internes d'un pays, Moscou et Pékin se sont opposés depuis le début de la révolte syrienne il y a plus d'un an à une approche vigoureuse du Conseil de sécurité de l'ONU.
"Je regrette que la Russie continue à s'enfermer dans une vision qui l'isole de plus en plus non seulement du monde arabe mais finalement de la communauté internationale", a déclaré Alain Juppé, quelques heures avant de présider la réunion de Paris.
Le ministère russe des Affaires étrangères a vivement réagi à l'organisation de la rencontre de Paris. Son objectif, "de toute évidence, n'est pas du tout la recherche d'un terrain pour parvenir à un dialogue inter-syrien, mais à l'inverse l'approfondissement des contradictions entre l'opposition et Damas", a dénoncé jeudi son porte-parole, Alexandre Loukachevitch.
La Russie fait "honnêtement" sa part du travail, a assuré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
"Les Chinois comme les Russes n'aiment pas être isolés" et "l'isolement de la Russie et de la Chine sur le dossier syrien ne durera pas", a cependant jugé Nicolas Sarkozy, qui intervenait dans la matinée sur la radio française Europe 1.
Après des mois de discussions, Pékin et Moscou ont tout de même accepté qu'il y ait une résolution de l'ONU sur la Syrie, la 2042, qui soutient le plan de l'émissaire international Kofi Annan, instaure un cessez-le-feu et prévoit l'envoi de la mission d'observation.
Pour Alain Juppé, cependant, le Conseil de sécurité devra être nouveau saisi si le plan Annan n'est pas respecté. "Nous devrions examiner quelles autres options s'ouvrent au Conseil de sécurité et à la Communauté internationale", a-t-il dit.
"Le plan Annan, c'est l'assurance de la paix et de la liberté. Son échec, c'est le chemin vers la guerre civile", a-t-il ajouté.
Les pays réunis à Paris sont: France, Etats-Unis, Allemagne, Arabie Saoudite, Canada, Egypte, Espagne, Jordanie, Maroc, Koweït, Qatar, Turquie. La Grande-Bretagne est représentée par un diplomate.