Le Tour de France a déjà écrit, au cours de ses 99 éditions, un nombre infini d'histoires et d'anecdotes. Pour son centenaire, quatre Tchèques, un Finlandais et un Néerlandais veulent enrichir cette collection en effectuant la totalité de son parcours... en trottinettes.
"Ce sera la première tentative historique de boucler le Tour de France en trottinette et aussi le plus grand défi sportif de notre vie", confie le père du projet Vaclav Liska, ancien athlète devenu acteur de théâtre et surtout un grand passionné de la trottinette sportive (ou "footbike"), un nouveau sport en pleine expansion.
Dotée d'une grande roue à l'avant et d'une petite à l'arrière, et de freins, le pédicycle est plus stable, plus confortable et surtout capable d'engloutir bien plus de kilomètres qu'une trottinette classique.
La grande aventure commencera le 28 juin à Porto-Vecchio (Corse, sud de la France). En effet, les six hommes s'engageront dans chaque étape de la célébrissime course cycliste 24 heures avant Alberto Contador, Mark Cavendish, Chris Froome et leurs compagnons pour bénéficier de routes dégagées.
L'idée est née en 2005, quand plusieurs amateurs de trottinette regardaient ensemble à la télé l'exploit de Josef Zimovcak, un quinquagénaire tchèque effectuant la Grande Boucle en grand bi, en dépit d'une côte fracturée, d'un humérus fendu et de meurtrissures à la tête.
Depuis 2011, ils s'entraînent systématiquement pour accomplir leur rêve et parcourir samedi 20 juillet le dernier des quelque 3.500 km qui séparent Porto-Vecchio et l'avenue des Champs-Elysées à Paris.
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"Les perdants abandonnent quand ils sont fatigués. Les vainqueurs s'arrêtent quand ils ont gagné", souligne Vaclav Liska, reprenant une formule attribuée au basketteur Michael Jordan.
Le Tour de France 2013 comprendra 21 étapes, longues de 25 à 242 km, dont six de montagne avec quatre arrivées en altitude.
"Pour les cyclistes, chaque étape équivaudra à cinq ou six, voire sept heures en selle. Nous serons, bien sûr, beaucoup moins rapides, quitte à passer sur nos trottinettes jusqu'à 17 heures par jour", explique un autre membre de l'équipe, Jan Vlasek.
"D'où notre principal souci: un manque de sommeil et un manque de temps pour récupérer", poursuit-il.
Le groupe compte sillonner l'Hexagone à une vitesse moyenne de 18 à 20 km/h. Les courses sont quant à elles disputées à environ 30 km/h alors que la vitesse maximale peut même dépasser 100 km/h lors de longues descentes sans virages.
Les "trottineurs" bénéficieront des deux jours de repos prévus pour les cyclistes les 8 et 15 juillet. Leur tâche sera aussi beaucoup moins rude à la veille des épreuves contre-la-montre, qui seront disputées par les cyclistes le 2 juillet (Nice - Nice, 25 km), le 10 juillet (Avranches - Mont-Saint-Michel, 33 km) et le 17 juillet (Embrun - Chorges, 32 km).
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"Les cyclistes, eux, seront obligés de pédaler de toutes leurs forces tandis que pour nous, il s'agira plutôt d'une belle promenade d'une heure ou d'une heure et demi. Après, on pourra se reposer", dit Jan Vlasek.
En revanche, un gros morceau attend le groupe dans les montées. "Nous n'avons peur d'aucune étape, même si certaines suscitent plus de respect", confie-t-il, citant l'exemple de la plus longue étape (242 km), prévue pour les cyclistes le 14 juillet, entre Givors et le Mont Ventoux.
"L'étape la plus difficile sera celle de 204 km entre Bourg d'Oisans et Le Grand-Bornand (le 19 juillet pour les cyclistes)", estime Jan Vlasek, juriste qui s'entraîne sur sa trottinette tous les soirs après sa journée en costume-cravate impeccable.
Une équipe d'accompagnement assurera le soutien logistique avec six personnes et trois véhicules.
"Si nous réussissons à arriver jusqu'à l'Arc de Triomphe, nous l'arroserons abondamment, bien sûr. Et puis, on commencera à songer à de nouveaux défis", promet Jan Vlasek.
"Il serait intéressant d'effectuer aussi le parcours des deux autres grandes courses à l'occasion de leur centenaire: la 100e édition du Giro d'Italia aura lieu en 2017, mais un petit problème se dessine avec la Vuelta (tour d'Espagne) qui n'a derrière elle que 67 éditions. Nous serons sexagénaires, le moment venu", sourit-il.
Sur les routes de France, les six trottineurs espèrent par ailleurs promouvoir ce sport, encore peu connu.
"Le footbike est un sport libre: il n'y a pas beaucoup d'argent, il n'y a pas de stress. Les gens le font parce qu'ils veulent le faire. On se connaît tous grâce aux réseaux sociaux, nous sommes tous copains, voilà le plus beau", confie Jan Vlasek.
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