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Explosion de la rue de Trévise : «Je ne sais plus si j'ai hâte de rentrer», témoigne une sinistrée à quelques jours de son retour chez elle

Près de 200 personnes vivaient dans les immeubles qui ont explosé le 12 janvier 2019. (illustration)  [Thomas SAMSON / AFP]

Près de six ans après l'explosion au gaz qui s'est produite rue de Trévise à Paris (9e arrondissement), les résidents des immeubles concernés retournent peu à peu dans leurs logements. Vanessa Mallet, habitante du numéro 6, a livré dans le détail pour CNEWS le récit sinueux de ces dernières années.

Un parcours du combattant qui va prendre fin, six ans après une nuit d'horreur. Dès le 4 novembre, les sinistrés des immeubles de la rue de Trévise à Paris (9e) ont été autorisés à regagner leurs appartements, pour la première fois depuis l'explosion au gaz survenue le 12 janvier 2019. Celle-ci avait tué quatre personnes et en avait blessé une soixantaine d'autres. 

À quelques jours du retour dans son appartement situé au 5e étage du 6, rue de Trévise, Vanessa Mallet, mère de famille de deux enfants, a fait part de son état d'esprit à CNEWS. Depuis toutes ces années durant lesquelles se sont enchaînés les travaux de reconstruction et les diverses expertises, cette sinistrée s'est mobilisée pour ses voisins, prenant la tête - au côté de Dominique Paris - du collectif Trévise Ensemble. 

«Ce drame collectif a créé des liens, et il était important pour moi de pouvoir aider les autres. Ma personnalité fait que j'ai besoin d'être dans l'hyperaction pour ne pas sombrer, en plus d'avoir toujours eu le sentiment que seuls nous ne sommes rien», a-t-elle confié, évoquant les difficultés personnelles pour retrouver rapidement un appartement, depuis l'explosion jusqu'à aujourd'hui. «Nous avons déménagé six fois depuis 2019. La dernière fois, c'était en juin dernier, avant les JO, je vous laisse donc imaginer la difficulté pour retrouver une habitation», a-t-elle expliqué, alors que, comme elle, près de 200 personnes au total s'étaient retrouvées sans logement du jour au lendemain après le drame. 

Peu de moyens du côté de la mairie

Présente pour épauler les sinistrés, «du début à la fin» comme le souligne aisément Vanessa, la mairie d'arrondissement ne disposait toutefois pas des moyens nécessaires pour reloger toutes les victimes de l'explosion. En revanche, les frais de ces derniers ont été intégralement remboursés aux sinistrés, majoritairement via les assureurs personnels, avant la mise en place d'un fond d'indemnisation. 

En évoquant son retour prochain, aux côtés de son mari et de ses deux enfants aujourd'hui âgés de 17 et 18 ans dans leur appartement, Vanessa est également revenue sur la trace indélébile du choc. 

«Les derniers souvenirs sur place ce sont le souffle de l'explosion, nos fenêtres qui éclatent, le verre partout au sol. Le premier réflexe est d'enfiler ses chaussures et de courir dans la chambre des enfants, où dormait d'ailleurs une amie de ma fille qui était restée ce soir-là, et de voir si tout le monde est vivant», se rappelle la mère de famille. 

«Je ne sais plus si j'ai hâte de rentrer»

Durant toutes ces années, Vanessa Mallet a ainsi épaulé ses voisins dans leurs démarches administratives tout en tenant à bout de bras sa famille, avec l'espoir de revenir. «Nous repartions de zéro, il ne nous restait plus rien dans l'appartement. Lorsque l'explosion s'est produite, les trois premiers étages ont été soufflés. Il a fallu que nous passions par le balcon de notre voisine, pour être ensuite évacués par les pompiers», reprend Vanessa, en relatant le déroulé de cette «nuit de l'horreur» du 12 janvier 2019. 

Mais aujourd'hui le sentiment est partagé. «Finalement on a plus vécu à l'extérieur - durant ces six ans - que chez nous (la famille ayant emménagé seulement quelques années avant le drame). Cet appartement du 6, rue de Trévise, nous l'avions fait refaire à neuf, et ce devait être celui où allaient grandir nos enfants (âgés de 11 et 12 ans en 2019). Durant tout ce temps j'avais envie d'y retourner, aujourd'hui, je ne sais plus si j'ai hâte de rentrer. Mais tant qu'on n'y a pas dormi, c'est difficile de se projeter», a ajouté Vanessa.

La représentante du collectif Trévise Ensemble a confirmé à CNEWS ce que son homologue Dominique Paris avançait la semaine dernière dans la presse : tous les occupants des immeubles sinistrés ne devraient pas rentrer chez eux. «Beaucoup de voisins ont pris la décision de ne pas revenir. Ils veulent tourner la page. Pour certains d'entre eux, entendre parler de «Trévise» est même devenu phobique. «Celui du dessous va réemménager, mais tous les habitants des autres étages ne le feront pas», a assuré Vanessa Mallet. 

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