En plein procès des viols de Mazan, une marche blanche en soutien à Gisèle Pelicot a été organisée ce samedi dans la ville. Des centaines de personnes, dont de nombreuses femmes victimes de violences, se sont rendues sur place «à visage découvert».
«S'il y a des femmes qui sont dans le même cas, osez le dire, qu'on vous soutienne». C’est ce qu’ont déclaré des manifestantes victimes de violences, venues soutenir Gisèle Pelicot en plein procès des viols de Mazan. Ce samedi après-midi, des centaines de personnes se sont rassemblées pour marcher dans les rues de la ville, roses blanches à la main et en silence.
Cet événement a été organisé par des femmes suivies à l'Isofaculté de Mazan, dont le but est de les aider à se reconstruire via l'équithérapie. Cette commune d’environ 5.800 habitants a été le théâtre, pendant des années, des viols de Gisèle Pelicot, septuagénaire droguée aux anxiolytiques par son mari et des dizaines d'inconnus qu'il recrutait sur internet. Plus d’une cinquantaine d’accusés sont aujourd’hui jugés pour ces crimes depuis le 2 septembre dernier.
Roses blanches à la main, la marche en soutien à Gisèle Pélicot vient de débuter dans les rues de Mazan pic.twitter.com/Fe2INwgo5E
— France Bleu Vaucluse (@bleuvaucluse) October 5, 2024
«C'est la première fois que je manifeste, je trouve que c'est normal de le faire pour une femme et pour mon vécu», témoigne auprès de l’AFP, Catherine Borel, 69 ans. «Ce procès est terrible, dur, mais cette femme a un courage formidable d'avoir réussi à se reconstruire. Il permettra une avancée. Moi, j'ai été victime de choses il y a trente ans en arrière et on n'y pouvait rien : on ne m'a pas crue sur des violences, et je me suis retrouvée avec mes deux gamines à partir par la fenêtre», ose-t-elle raconter aujourd'hui.
«Ce n'est pas le procès de tous les hommes»
«S'il y a des femmes qui sont dans le même cas, osez le dire, qu'on vous soutienne», ajoute-t-elle au côté de Josiane Dolce, septuagénaire qui confie avoir toujours «là dans (s)a tête» les traces des violences psychologiques dont elle a été victime.
Selon cette dernière, «ce n'est pas le procès de tous les hommes, mais de certains hommes». Josiane a également confié ne pas être allée au tribunal, par peur de sa réaction face aux vidéos désormais diffusées publiquement à l'audience. Elle redoute aussi une forme de «voyeurisme».
Quelques rangs derrière, une jeune femme, le visage grave, est venue avec une pancarte : «Les victimes sont broyées par la justice». Elle-même dit s'être retrouvée sur le banc des parties civiles à la cour d'assises, comme victime de viol et tentative de meurtre. Et ce fut un «combat permanent».
Organisée à Mazan dès le début d’après-midi, cette marche blanche entendait «montrer qu'au-delà des violences, il peut y avoir une humanité (...) et que tout le monde puisse avoir une pensée pour les femmes victimes de violence de manière générale et de pouvoir s’indigner contre la violence, de manière pacifique», a expliqué à France Bleu Vaucluse, Chloé Sarra, cheffe de projet femmes à l'Isofaculté de Mazan. La famille de Gisèle Pelicot n’était pas présente «au vu des tensions qu’il y a autour de ce procès, pour éviter toute problématique».