Cette semaine, sept accusés prendront place à la barre pour s'exprimer sur l'affaire. Pas moins de la moitié des 51 coaccusés ont déjà témoigné avant le lancement de cette septième semaine de procès.
Tous contestent les faits. Cette septième semaine de procès commence ce lundi 14 octobre. Au programme, sept coaccusés prendront la parole pour parler de leurs visites au domicile des Pelicot à Mazan. Tous les accusés qui se rendront à la barre cette semaine ont contesté les faits à l'ouverture du procès.
Pour rappel, sous le contrôle de Dominique Pelicot, près d'une centaine d'hommes se sont rendus à son domicile afin d'avoir des relations sexuelles avec sa femme Gisèle, sous drogue. Pendant plus de dix ans, elle a subi de nombreux viols aggravés par son mari qui recrutait des hommes sur les réseaux sociaux.
Ce procès historique montre aussi la dimension des profils de «violeurs». Ils ont tout âge, toute origine et viennent de tous milieux sociaux. Ils sont des «monsieur-tout-le-monde», un voisin, un père, un ami, un collègue.
Dominique D.
Dominique D., originaire du Pontet (Vaucluse), est âgé de 45 ans. Il est marié et père d'un garçon. Ancien militaire reconverti en chauffeur routier, il se serait rendu pas moins de six fois au domicile des Pelicot.
Il aurait rencontré Dominique Pelicot au supermarché qui l'aurait présenté à sa femme comme étant un ami avec qui il faisait du vélo. Le soir même de leur rencontre, ils auraient violé, tous les deux, Gisèle Pelicot au domicile conjugal. Le quarantenaire se serait ensuite rendu à cinq reprises sur les lieux entre 2015 et 2020.
Dominique D. aurait été totalement conscient de la condition de Gisèle Pelicot au moment des faits. Il est soupçonné de savoir, au moment des faits, qu'elle était droguée afin d'être violée. Les enquêteurs avaient conclu que «Le fait que la victime soit complètement soumise et réduite à un objet sexuel participait à son excitation».
Ahmed T.
Ahmed T. est un plombier de 54 ans. Marié à son amour de jeunesse, il est aussi père de trois enfants. Passionné de boxe, il est très impliqué dans son club sportif.
Sur le site Coco.fr, il aurait échangé avec Dominique Pelicot avant de se rendre à Mazan dans la nuit du 4 au 5 juin 2019. Son but était d'égayer sa vie sexuelle qu'il a décrite comme «insatisfaisante et source de frustration sexuelle». La septuagénaire aurait été mains et pieds liés, toujours endormie.
En constatant la condition de Gisèle Pelicot, le cinquantenaire aurait reconnu s'être posé des questions avant de penser «avoir recueilli son consentement par l'intermédiaire de son mari». D'après les éléments visuels recueillis lors de l'instruction, il apparaîtrait que l'homme aurait réagi en affichant un large sourire à la suite des actes qui lui sont imputés.
Mohammed R.
Mohammed R. retraité de 70 ans. Atteint d'un cancer, il n'a pas été présent sur l'ensemble du procès à cause d'une hospitalisation. Père de sept enfants, il a déjà été condamné pour viol sur sa propre fille en 2017. Par ailleurs, l'homme a estimé que cette condamnation a été un coup monté par sa fille et la mère de celle-ci. Il s'est aussi dit victime d'une erreur judiciaire.
En ce qui concerne Gisèle Pelicot, il aurait rencontré son mari sur Internet. Au cours d'une nuit de mai 2019, il serait resté pas moins de cinq heures au domicile conjugal, tandis qu'il se serait livré à des attouchements et des viols sur le corps inerte de la femme.
Mohammed R. aurait exprimé s'être senti comme un acteur au moment des faits. Après les avoir nié dans un premier temps, il se serait ensuite déclaré autant victime que Gisèle Pelicot dans l'affaire.
Cyril B.
Cyril B, chauffeur routier de 39 ans. Décrit comme «respectueux et doux» par sa compagne, l'homme aurait affirmé avoir déjà pratiqué le libertinage.
Pour sa venue à Mazan, il aurait décrit la soirée aux enquêteurs comme une soirée «malsaine» et «glauque». Pourtant, sur les vidéos de son passage chez les Pelicot, l'homme aurait eu des relations avec Gisèle Pelicot avant de se retirer brusquement lorsque cette dernière se serait mise à bouger dans son sommeil. Il aurait confié aux enquêteurs n'avoir «pris aucun plaisir».
Lui aussi se serait dit tout autant victime que Gisèle Pelicot. Par ailleurs, il aurait estimé que leur situation était similaire, étant tous les deux dupés par la même personne.
Redouane A.
Redouane A, sans emploi et âgé de 40 ans, est bien connu de la justice. Il a déjà été condamné et son casier judiciaire recueille pas moins de 19 mentions dont violences conjugales, vols et violences aggravées ou encore menaces de morts sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Il se serait rendu deux fois au domicile des Pelicot. Il aurait tenté d'extorquer Dominique Pelicot en le menaçant d'acheter son silence tout en lui demandant de lui donner la drogue que le Mazanais aurait utilisé pour endormir sa femme.
Lors de la diffusion de la vidéo de son passage à Mazan au cours de l'instruction, Redouane A. aurait été plus choqué par le nom du fichier intitulé «bien violée» plutôt que par ses actes qu'il aurait qualifiés d'«acte naturel».
Selon le dossier, l'expert psychologue ainsi que l'expertise psychiatrique ont déterminé que Redouane A aurait des «compétences intellectuelles faibles» mais aussi qu'il semblerait «incapable de se conformer aux lois et aux normes sociales».
Mahdi B.
Mahdi B. a 36 ans et est un employé de transport. Adepte du libertinage, il aurait répondu à l'opportunité que lui offrait Dominique Pelicot sur le site de rencontre Coco.
Il aurait expliqué ne pas avoir été dérangé par le scénario proposé. Sur les vidéos de sa venue en octobre 2018, il aurait reçu une fellation tandis que Dominique Pelicot lui aurait tenu la tête de sa femme. L'homme de 36 ans serait resté pas moins de trois heures au domicile conjugal. Il aurait souhaité quitter le logement, sans toutefois le faire réellement.
Cyprien C.
Cyprien C. est un ancien routier de 43 ans. Père d'un enfant et sans emploi au moment des faits, Cyprien C. a grandi en foyer et en famille d'accueil où la violence était son quotidien. À l'âge adulte, il a souffert d'addiction à l'alcool. L'experte psychologue l'aurait décrit comme un «homme vulnérable et influençable».
En 2017, il se serait rendu au domicile des Pelicot où il se serait rendu compte que quelque chose n'allait pas. Pourtant, l'homme aurait eu des relations sexuelles avec Gisèle Pelicot. Lors du visionnage des vidéos gardées par Dominique Pelicot, il se serait dit choqué et aurait reconnu que la victime ne semblait pas consentante.