Des propos racistes, homophobes et sexistes auraient été prononcés par l’équipe dirigeante de l’instance chargée de lutter contre le sexisme en France. La présidente du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes Sylvie Pierre-Brossolette a quitté son poste ce mercredi 17 juillet en raison d’une fronde interne.
Sylvie Pierre-Brossolette, la présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) depuis 2022, a quitté son poste pour «préserver» l'instance, selon un arrêté publié ce mercredi 17 juillet au Journal Officiel. Elle est remplacée par Bérangère Couillard, ancienne ministre macroniste déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et ancienne députée de Gironde, battue lors des récentes élections législatives.
«Il n’était pas possible pour moi de travailler dans une ambiance marquée par des calomnies. La situation politique a accéléré ma décision de quitter le HCE qui pourra ainsi reprendre ses travaux sans connaître de période de flou juridique», a-t-elle indiqué dans un communiqué à l’AFP ce jour, ajoutant qu'elle quitte ses fonctions «avec tristesse».
«Sylvie Pierre-Brossolette a souhaité d'elle-même mettre un terme à ses fonctions pour préserver le HCE et ses travaux», a affirmé Aurore Bergé, la ministre démissionnaire chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
des propos «à la limite de la légalité»
«Je la remercie pour les travaux essentiels du HCE et la visibilité nouvelle qui y a été donnée avec ses vice-présidents», a-t-elle précisé. Concernant Bérangère Couillard, elle a porté par le passé «des sujets essentiels notamment sur la lutte contre l'industrie pornographique».
Cette démission intervient dans un contexte d’accusations de racisme, d’homophobie et de sexisme à l’encontre de Sylvie Pierre-Brossolette. Dans une lettre datant du 2 janvier 2024, les salariés du secrétariat général du HCE affirmaient avoir été «témoins, de manière fréquente, de propos à la limite de la légalité tenus par la présidente et les coprésident.es».
une tentative de destabilisation du hce selon sylvie pierre-brossolette
Ils auraient notamment tenu des «propos violents sur le ton de l’humour contribuant à banaliser et à diffuser la culture du viol et à culpabiliser les victimes», des «propos stigmatisants pour les personnes LGBT+, réitérés en dépit de mises en garde sur le sujet» ainsi que des «propos racistes et islamophobes».
Sylvie Pierre-Brossolette avait alors «contesté formellement» les accusations portées contre elle et avait signalé une «volonté de déstabiliser» le HCE et sa ligne «abolitionniste et universaliste».
Fondée en 2013 sous le quinquennat de François Hollande, le HCE, rattaché à Matignon, est notamment chargé de rédiger chaque année un rapport sur l'état du sexisme en France et d'évaluer les politiques publiques en matière d'égalité entre les femmes et les hommes.
Une chargée de mission avait révélé à l’AFP être en pleine «dissonance cognitive» lorsqu’elle communiquait «dans les rapports qu'il est plus que jamais urgent d'écouter la parole des victimes, de lutter contre les abus de pouvoir», tout en vivant «le contraire» au sein du HCE.