Après la mise en examen et l'incarcération d'une dizaine de figures indépendantistes de Nouvelle-Calédonie dans l'Hexagone, le mouvement qui les soutient a demandé leur «retour immédiat» ainsi que leur «libération», sur fond de retour des violences sur l’archipel.
Regain de tension en Nouvelle-Calédonie. Dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 juin, des heurts ont éclaté «sur l’ensemble de la Grande-Terre», l’île principale de l’archipel «nécessitant l’intervention de nombreux renforts», a rapporté le Haut-Commissariat.
Le représentant de l’État dans le territoire français du Pacifique Sud a précisé que les locaux de la police municipale ainsi qu’un garage avaient été incendiés au nord de l’agglomération de Nouméa. Deux hommes ont également perdu la vie, un autre a été blessé.
Cette réaction violente intervient au lendemain du transfert en métropole de plusieurs figures indépendantistes calédoniennes. Parmi elles, Christian Tein, le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Interpellé avec dix autres militants lors d'un vaste coup de filet mercredi 19 juin dernier, tous ont été mis en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, destruction en bande organisée du bien d'autrui par un moyen dangereux.
Parmi les 11 personnes arrêtées, 9 ont fait l'objet d'un placement en détention provisoire, Christian Tein devant par exemple être incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin). Parmi ces neuf-là, deux ont sollicité un débat différé devant le juge, prévu mardi, dont Joël Tjibaou, l'un des fils du chef indépendantiste Jean-Marie Tjibaou assassiné en 1989.
Neuf morts et des dégâts chiffrés à plus d'un milliard d'euros
Lundi, la CCAT a exigé «la libération et le retour immédiat» de ses militants afin qu'ils soient «jugés sur leur terre», dénonçant les «tactiques coloniales» de la France. Les autorités soupçonnent la CCAT d’être à l’origine des émeutes survenues dès le 13 mai sur l'archipel, à la suite du vote d’un projet de loi constitutionnelle réformant le corps électoral pour le scrutin provincial prévu fin 2024.
Le mouvement avait réfuté cette mise en cause. Le camp indépendantiste refuse cette réforme, qu'il accuse de diminuer le poids politique des Kanak.
Ces violences, les plus graves survenues dans l'archipel depuis les années 1980, ont fait 9 morts et des dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages...) chiffrés à plus d'un milliard d'euros, selon le dernier bilan des autorités.